• Chernin Entertainment

    The Mazur/Kaplan Company               Rev. Networl Draft

    Twentieth Century Fox Television        20 janvier 2013

     

     

     

    ACT UN

     

    EXT. PLAGE – NUIT

    L'obscurité. De lourdes inspirations. Des pieds nus frappant une plage rocheuse.

    RÉVÈLE UN HOMME. Milieu de la cinquantaine, habillé d'un bleu de prison, le visage caché par l'obscurité. Il fuit pour sauver sa vie.

     

    DERRIÈRE LUI – des OFFICIERS DE POLICE le poursuivent à pieds, des lampes de poche rebondissent, des chiens aboyant, l'homme atteint -

     

    UNE BARRIÈRE. 3 mètres de grillage. De l'autre coté, une FORÊT DENSE. Des pancartes indiquent « LIMITATION DE LA VILLE. NE PAS FRANCHIR ! »

    Pris dans un rayon de lumière, l'homme saisit la barrière avec les deux mains. Il grimpe au sommet et saute, atterrissant durement de l'autre côté. Il plonge dans l'obscurité des bois alors que le rayon qui le suivait se fit plus lumineuse, le transforme en --

     

    INT – LABORATOIRE – SALLE D'OPÉRATION – DE NOS JOURS

    UNE LUMIERE CHIRURGICALE. Près de l'éclat, une main recouverte d'un gant en latex lève une seringue. Son épaisse aiguille brille. On entend la voix râpeuse d'une adolescente. C'est Lena.

    LENA (voix)

    Cela fait 25 ans que le Gouvernement a classé l'amour au rang de maladie, et 23 ans que les scientifiques ont mis au point un remède.

    La seringue s'abaisse vers une oreille humaine. Un PATIENT, âgé de 18 ans, dort sur une table en acier inoxydable, anesthésié. L'aiguille est insérée prudemment derrière l'oreille du patient, perçant  le crâne par la force. Une subtile tension du subconscient se dégage de cette expression.

     

    EXT – LABORATOIRE FÉDÉRAL – JOUR

    Un bâtiment propre et symétrique ; un drapeau américain s'élève au-dessus des doubles portes du principal point d'accès. Il s'agit du LABORATOIRE AMERICAIN n°4278, ANNAPOLIS. Deux longues lignes émergent de l'entrée. Une pour les garçons, l'autre pour les filles.

    LENA (voix)

    Après l'opération, nous recevons ce remède dès que nous atteignons 18 ans. C'est comme un cadeau d'anniversaire, injecté droit dans votre cerveau.

    DEUX OFFICIERS DE POLICE portant des uniformes soignés ouvrent les portes (on saura bientôt que l'un deux est Alex, 20 ans.) Il y a une petite pancarte au-dessus d'eux. Une devise : SÉCURITÉ. RESPECT. COMMUNAUTÉ.

    LENA (voix)

    Pendant le reste de votre vie, vous êtes immunisé contre la douleur de la perte, la trahison et l'abandon...

     

    EXT. CHEMIN DU LABORATOIRE / INT. VOITURE – JOUR

    Une ville américaine pittoresque et idyllique, vibrante durant le printemps. Une voiture électrique s'engage sur une route bordée d'arbres.

    LENA (voix)

    Mais tant que vous avez 17 ans, rien ne peut arriver.

      

    DANS LA VOITURE – LENA HALLOWAY, 17 ans, est assise sur le siège passager, regardant le monde défiler. Son apparence rebelle et sûre de soi cache son esprit compliqué. Elle porte sa veste en jean préférée sur l'uniforme de son école privée et une épaisse couche de far à paupière bleu sarcelle pour ce jour spécial. 

    Sa grande sœur Rachel, 26 ans, conduit un peu trop vite pour une femme portant un ensemble en cachemire. Les sœurs partagent des caractéristiques physiques communes, mais Rachel avait plus un air de « maman exaspérée » qu'une « grande sœur cool ».

    RACHEL

    D'accord, et le sport ? Quel sport fais-tu ?  

    LENA

    Ils le sauront. Ils ont mon dossier scolaire.

    RACHEL

    Répond simplement à la question.

    LENA

    Le football et le softball. Et j'étais co-capitaine de l'équipe de cross l'année dernière.

    RACHEL

    Quelle est ta matière préférée ?

    LENA

    Tout sauf les maths.

    RACHEL

    Ne dis pas ça. Répond l'anglais.

    LENA

    Je déteste l'anglais.

    RACHEL

    Lena.

    LENA

    Bien. Peu importe. L'anglais.

    RACHEL

    Pas « peu importe. » Juste anglais.

    LENA

    (exaspérée)

    J'ai dit anglais. Tu prétends je n'ai pas la moindre idée de ce que je fais.

    La voiture freine devant la porte du labo. Lena voit le labo, deux lignes se formant à l'extérieur, s'étirant dans chaque direction. Rachel se gare.

    RACHEL

    Tu crois savoir ce que tu fais, mais tu ne le sais pas. Cette évaluation est importante, Lena. Qui tu épouseras, combien d'enfants tu auras, tu ne veux pas tout foutre en l'air.

    LENA

    Je sais.

    RACHEL

    J'aimerais pouvoir te dire d'être toi-même mais tu dois te surpasser. Et ne parle pas de maman et papa. S'il demande, dis simplement que tu étais jeune. Tu ne te souviens de rien.

    Lena repère une superbe jeune fille blonde portant un jean slim violet en dessous de son uniforme. HANA, également 17 ans, se tient à l'extrémité de la queue pour les filles. Elle fait signe de la main. Lena saisit son sac SilverStar et sort de la voiture.

    LENA

    C'est Hana. À tout à l'heure.

    RACHEL

    D'accord. Bonne chance. Je ne voulais pas être dure avec toi. Je veux juste que tu aies les mêmes chances que moi. J'ai été si heureuse …

    Lena claque la porte. Elle court vers son amie.

     

    EXT – LABORATOIRE FÉDÉRAL – EN CONTINUE

    Lena attérit à coté de Hana, rejoignant la queue.

    LENA 

    Seigneur, ma sœur me rend folle.

    HANA 

    Ma mère aussi. Elle a fait des fiches. « Aimes-tu les animaux ? », je lui ai répondu que je n'allai pas flipper au point d'oublier que j'aime les chiens.

    (Avoue)

    Je ne suis un peu nerveuse.

    LENA

    Tout va bien. Ne t'inquiètes pas. 

    Hana commence à mordre un ongle verni.

    LENA (continue)

     Ne mange pas tes ongles. C'est un signe de nervosité.

    (offre sa main)

    Tiens. Mange les miens.

    Hana agrippe la main de Lena à la recherche d'un soutien. On voit qu'elles ont le même vernis gris sur quatre doigts et le cinquième est vert... complices. Lena regarde les officiers, surveillant les portes.

    LENA (continue)

    Qu'est-ce qu'ils attendent ? Allons-y.

    Un fort bourdonnement résonne. Les deux lignes avancent ; Lena glisse un regard aux garçons. Plusieurs d'entre eux sont loin d'être attirants. Elle prend une grande inspiration pour se calmer. Les filles disparaissent à l'intérieur du bâtiment, sous la devise qui se trouve au-dessus des portes.

    Avant changement de scène : on entend la voix d'un jeune homme répétant la même devise.

    JULIAN  

    Sécurité, Respect, Communauté

     

    EXT – PRISE – JOUR : Washington D.C. , les cerisiers en fleurs au printemps.

    Un rassemblement complet pour une association lobbying et politique appelée Pour une Amérique sans délirium (c'est comme le NRA)

    Sur la scène, derrière le podium, devant un mur décoré du logo de l'APASD, on trouve JULIAN FINEMAN, 19 ans. Une cravate bleue assortie à des yeux bleus, une idole en école préparatoire, l'antipode du bad boy. Il est si doué que ça fait mal.

    JULIAN

     Ce pays n'a pas toujours été comme il est de nos jours. Le meurtre et le suicide existait. La maladie ou la misère.

    (continue)

    Mais il y a 25 ans, nous avons reconnu qu'il y avait une cause à toutes ses maladies de notre société : une maladie appelée Deliria Nervosa. Pour certains, il était difficile de croire qu'une émotion qu'on pensait être la raison de notre existence était un fléau pour l'humanité. Mais grâce à une longue guerre civile, la logique prévalut, et la victoire fut acquise.

    (le publique applaudit)

    Et bien que beaucoup de sont battus pour une Amérique sans délirium, je suis ici pour vous présenter la personne qui en est l'exemple. Mon père, le président de l'APASD, Thomas Fineman.

    EN COULISSES – –

    THOMAS FINEMAN se tient prêt (proche de la cinquantaine, un costume classique, des dents extrêmement blanches, le teint à la John Boehner.) Sa femme Lydia, soucieuse de son image, effectue les derniers réglages. Elle a un diamant de la taille de Kobe qui brille à son doigt. Fineman touche ses cheveux.

    FINEMAN

     Comment c'est  ?

    LYDIA

    Bien. N'y touche pas. Nous sommes prêts.

    Il avale un Pums. Il présente son bras pour l'escorter. Elle le prend et tous les deux marchent à grands pas. 

    SUR LA SCÈNE. Ils sont accueillis par de grands applaudissements. Julian embrasse sa mère et recule respectueusement, permettant à son père d'accéder au podium. Fineman s'éclaircit la gorge, sa voix possède une intonation de Virginie.

    FINEMAN

      Bienvenue à vous tous. C'est formidable de voir autant de nouveaux visages aujourd'hui. Maintenant, plus que jamais, l'APASD a besoin de votre soutien. L'association est plus puissante que jamais. Mais nous avons récemment découvert un groupe restreint d'extrémistes, qui veut défier ce pouvoir. Ils ont l'intention de stopper le remède et de propager la maladie. Ils sont sur le point de détruire tout ce que nous avons accompli.

    La foule pousse des huées. À L'ÉCART DE LA FOULE... le bruit s'atténue : 

     

    EXT. ROUTE EN GRAVIER/ INT. CAMION – JOUR

    PASSAGES RAPIDES : des images de tension et mystérieuses. Un camion de 5 tonnes s'arrête sur une route en gravier, le long d'un joli pâturage vert avec des vaches.

    A L'ARRIÈRE DU CAMION – – cinq silhouettes inquiétantes avec des masques de ski noirs et des gants aux mains.

    L'un porte un holster à son épaule avec un 9 mm pendant que l'autre charge un sac à dos camo avec un pied-de-biche et de la peinture à la bombe noire. La rampe de chargement fait tomber sur le sol, à coté d'un troupeau de vaches.

     

    INT – ENTRÉE DE LABORATOIRE / JOUR

    L'entrée du labo est comme une salle d'attente dans une salle d'urgence : des rangées de chaises, des affiches de la fonction publique. Lena et Hana sont assises le long du mur, remplissant leurs questionnaires médicaux.

    HANA

    Je ne crois pas m'être fait vaccinée contre le tétanos.

    Lena, le stylo et la planchette à pinces sur les genoux, a déjà fini.

    LENA

    Si tu l'as fait. La fois où tu as marché sur une bouteille brisée à la piscine.

    HANA

    Oh, d'accord.

    (regarde son questionnaire)

    Tu as déjà fini ?

    LENA

    Ouaip, je suis à cent pour cent prête.

     

    ALEX (hors champ)

    Alors commençons.

    Un officier apparaît devant elles. Alex, 20 ans, est attirant de manière subversive. Il est le James Dean parmi les policiers ; un sens de l'humour se cache derrière un air strict. Lena se lève d'un bond, lui tend son questionnaire.

    ALEX (continue)

    Lena, n'est-ce pas ?

    LENA

    Oui. Lena Haloway.

     Il la regarde. ILS SE REGARDENT DANS LES YEUX pendant un temps mémorable. Pendant un instant, aucun d'eux ne parlent.

    ALEX (continue)

    Aujourd'hui est un grand jour, Lena.

    LENA

    Il paraît.

    Ils se tiennent face à face pendant quelques instants avant qu'il ne tourne sur ses talons, la guidant à une porte en acier.

    Elle regarde en arrière vers Hana, fait une grimace. Hana sourit un peu avec nostalgie alors qu'elle part. L'évaluation est comme la remise des diplômes... La vie est sur le point de changer.

    HANA

    Merde.

    Lena suit Alex alors qu'il lui ouvre les portes. Il la regarde pensivement alors qu'elle franchit les portes, disparaît à l'intérieur.

     

    INT. CHAMBRE D'ÉVALUATION DU LABORATOIRE / JOUR

    UNE GRANDE PIÈCE SOMBRE. Comme un studio, avec de LARGES PORTES DU QUAI DE CHARGEMENT fermées à l'autre bout. Un panel de quatre experts est assis à une table peu éclairée.

    Lena marche sur une petite scène, soudainement baignée dans la lumière. L'ÉVALUATEUR EN CHEF, une femme dans une robe blanche, tient le questionnaire médical dans une petite pile de feuille. Sa voix est étrangement amplifiée par un micro.

    ÉVALUATEUR EN CHEF

    Bonjour, Lena. 

    LENA

    Bonjour.

    ÉVALUATEUR EN CHEF

    Cette évaluation, combinée avec vos antécédents familiaux et votre dossier scolaire, nous aidera à déterminer un parti convenable pour une épouse et le nombre probable d'enfants. Nous sommes ici pour évaluer vos propensions et vos préférences. Il n'y a pas de bonnes ou mauvaises réponses. La procédure aura alors lieu lors de votre 18ème anniversaire. Des questions ?

    LENA

    Non madame.

    ÉVALUATEUR EN CHEF

    D'accord. Je vois que vous êtes en bonne santé. Votre père est mort d'un cancer ?

    Aïe. Début douloureux. Mais Lena ne bronche pas.

    LENA

    Je crois. J'étais un bébé. Je ne me souviens de rien.

    ÉVALUATEUR EN CHEF

    Il apparaît que votre mère s'est suicidée quelques temps après. Et la procédure curative avait échoué  à l'évidence ?

    LENA

    Apparemment.

    (elle ajoute)

    J'ai été élevée par ma sœur Rachel et son mari Liam. Ils sont ce qui ressemble le plus à des parents.

    Le panel murmure. Lena aperçoit une ombre dans l'obscurité. Alex surveille, pas très loin. Son regard pourrait être qualifier d'intense.

    ÉVALUATEUR EN CHEF

    À part quelques sanctions disciplinaires mineurs, c'est un excellent dossier scolaire. Quelle est votre matière préférée ?

    Un bruit soudain couvre la fin de la question de l'évaluateur.

     

    EXT. PORTE DE CHARGEMENT / EN CONTINUE

    De l'autre coté des grandes portes, le camion de 5 tonnes fonce dans le quai de chargement. Un garde du quai apparaît.

    GARDE DU QUAI

    Hé. Hé !

    DEUX  AUTRES HOMMES MASQUÉS sautent du camion et attrape brutalement le Garde avant qu'il puisse crier. L'un sort le pistolet 9mm du holster du Garde, pendant que les autres enveloppent sa bouche de ruban adhésif.

     

    RETOUR A L'INTÉRIEUR – –

    L'évaluateur continue.

    ÉVALUATEUR EN CHEF

    Lena ? Quelle est votre matière préférée ? 

    LENA

    Je vous ai entendu.

    ÉVALUATEUR EN CHEF

    Alors quelle est votre réponse ? 

    LENA

    J'essaye de décider.

    Elle ne peut pas cacher son irritation. Alex rit. Le panel ne rit pas. Mais avant que Lena n'aille plus loin...

     

    TOUT AU BOUT DE LA PIÈCE – – LES LARGES PORTES S'OUVRENT EN GRAND.

    EN CONTINUE :

    DES VACHES ASSOIFFÉES DEBOULENT, portant des messages pulvérisés sur leurs flancs : DÉFIER LE TROUPEAU. CROIRE EN L'AMOUR. C'est déroutant. UNE ALARME ASSOURDISSANTE RÉSONNE.

     

    INT. LABORATOIRE FÉDÉRAL – ENTRÉE / JOUR

    Les officiers dans l'entrée sont alertés par l'alarme.

    PASSAGES RAPIDES : D'AUTRES ÉTABLISSEMENTS AUTOUR DU LABO – – incluant la SALLE DE GARDE et les ARCHIVES – sont abandonnés alors que les Régulateurs sautent de leur postes et se mobilisent vers l'urgence dans la PIECE D'ÉVALUATION.

     

    INT. ARCHIVES / JOUR

    Une pièce remplie d'ordinateurs et de classeurs. Des pieds-de-biche brisent une fenêtre renforcée. Cinq des silhouettes masquées entrent par la fenêtre.

     

    Avec la précision d'une ÉQUIPE DU SWAT, un prend position pour garder la porte pendant que les autres se dirigent vers les ordinateurs, entrant les MOTS DE PASSE pour télécharger les dossiers.

     

    INT. PIÈCE D'ÉVALUATION / JOUR

     

    Un ÉVALUATEUR est brutalement écrasé alors que les autres s'enfuient. Des officiers venant de tout le bâtiment se précipitent pour aider à contrôler la débandade. Lena est relativement en sécurité  sur la plate-forme élevée, légèrement au-dessus de tout ça.

    LENA (voix hors champ)

    La citation préférée de mon père est écrite par un homme appelé T.S. Eliot. Il a écrit un poème qui disait : « est-ce que j'ose déranger l'univers ? » Comme beaucoup d'oeuvres d'art, ce poème est maintenant interdit. Quelques personnes trouvent ça facile de suivre la foule.

    Alex se tient debout sur le coté, observant l'agitation. Il apparaît amusé, ne faisant rien pour l'arrêter.

    LENA (voix hors champ)

    Mais d'autres luttent contre ça.

     Lena and Alex se regardent dans les yeux une fois de plus avant qu'il sorte de la pièce. Il reste Lena, se trouvant seule parmi le chaos.

    UNE CARTE NOIRE APPARAÎT : DÉLIRIUM

     

    EST. PRISE : MAISON DES HALOWAY / JOUR SUIVANT

    Une maison coloniale classique. Des fleurs fleurissent dans le jardin à l'avant.

     

    INT. MAISON DES HALOWAY – CUISINE – JOUR

    Rachel place un cornichon dans le sandwich à la dinde et au provolone ; sa haute queue de cheval révèle une CICATRICE TRIANGULAIRE derrière son oreille. LIAM, son mari athlétique et aimable est assis à table, portant un jean et un sweat. Il a tondu leur impeccable pelouse.

    RACHEL

    Tu veux des cornichons, n'est-ce pas ?

    LIAM

    Beaucoup.  Comment ta sœur s'en est sortie avec son évaluation ?

    RACHEL

    Qu'est-ce que tu crois ? Elle est passée à coté.

    LIAM

    Qu'a-t-elle fait cette fois-ci ?

    RACHEL

    Je ne suis pas sûre. Elle ne m'a pas donné toute l'histoire. J'ai essayé de lui dire combien c'était vital, mais elle croit tout savoir.

    LIAM

    A cette âge, tous le croient.

    RACHEL

    Heureusement, les choses ont tourné court par un genre de démonstration. Quelqu'un a laissé un troupeau de vaches en liberté dans le labo.

    LIAM

    Des vaches ?

    RACHEL

    Ouais. Va sur Google. On le voit partout dans les médias.

    Lena, habillée pour faire du jogging, descend les escaliers et tourbillonne dans la cuisine. Elle saisit le sandwich de Rachel tandis qu'elle passe, rejeta un cornichon sur le plan de travail.

    RACHEL (continue)

    Non !

    LENA

    Merci ! Je rentre dans une heure !

    Rachel a le dos voûté alors que Lena disparaît par la porte. Liam s'approche, lui tapote le dos.

    LIAM

    Tout sera bientôt fini. Elle sera bientôt partie.

    RACHEL

    Ce n'est pas comme si j'essayai de me débarrasser d'elle. Mais c'est tellement épuisant.

     

    Il s'approche, lui frotte les épaules, réconfortant mais pas trop intime. Elle sort deux autres morceaux de pain du sac pour faire un autre sandwich.

     

    Changement de décor :

     

    INT. TAVERNE PRINCIPALE DE RAM / JOUR

    Un restaurant du port, plein de monde en train de déjeuner. Alex est assis à un long comptoir en marbre avec QUATRE AUTRES OFFICIERS (incluant un sergent bourru.) Ils portent des uniformes, mais leurs cravates sont défaites, le style Top Gun au bar, alors qu'ils terminent leur repas. A la surface, ils semblent être nobles et formels, mais quand ils parlent à la manière flic, c'est du badinage de bleu.

    OFFICIER # 198

    Les archives ont été entièrement saccagées. C'est du vandalisme pur. 

    OFFICIER # 330

    Ça ne l'était pas. Les dossiers n'ont pas été saccagés, ils ont été volés. Ceux sont ces cinglés qui sont contre le gouvernement qu'on ne cesse d'entendre parler. Avant, ils restaient dans les bois. Maintenant, ils sont partout.

    OFFICIER # 198

    C'est une rumeur. Ce n'est pas vrai. 

    SERGENT

    Bouclez-la. C'était une grave atteinte à la sécurité. Il ne faut pas répandre ça autour de nous.

    SUR ALEX. Il est plus silencieux, plus prudent que les autres. Les officiers continuent de parler à voix basses.

    OFFICIER # 330

    Je ne fais pas confiance à ce nouveau, celui qui se trouve au quai de chargement.Comment ça se fait qu'il n'a rien vu venir ?

    REGULATEUR # 198

    Max ? C'est le frère de Don. Il est super.

    REGULATEUR # 330

    Je ne sais pas. Je pense qu'ils ont quelqu'un qui travaillent de l'intérieur.

    SERGENT

    Tu m'as entendu ? J'ai dit la ferme. Il n'y a personne d'infiltrer.

    ALEX

    Ouais Mike. Gardes des théories de conspirations pour toi.

      

    Alex boit une gorgée de son soda, amusé par leur paranoïa.

      

    EXT. ZONE DU PORT / JOUR 

    PENDANT CE TEMPS – –  A l'extérieur, Lena et Hana courent devant la Taverne, se dirigeant vers la promenade en bois, le long de la marina.

    HANA

    J'ai du mal à croire qu'on doit attendre toute la semaine pour avoir les résultats.

    LENA

    Ne t'inquiètes pas. Tu t'es bien débrouillée.

    HANA

    Tu as vu ce jeune dans la file ? Ses yeux étaient si proches, on aurait qu'ils formaient un seul œil. Comme un cyclope.

    LENA

    Tu ne seras pas associée à un cyclope. Tu es la personne la chanceuse que je connais. Ça sera sûrement ce mec sexy qui vit près de chez toi.

    HANA

    Si tu crois que ce mec est sexy, tu as de plus gros problèmes que je le croyais.

    Lena la défit du regard, accélère. Hana attrape son t-shirt pour la faire ralentir.

    HANA (continue)

    Attend ! Ce n'est pas une course.

    LENA

    Maintenant ça l'est.

    Les deux décollent, courant le dernier bloc jusqu'à – –

     

    EXT. LITTORAL LE LONG DU QUAI / JOUR

     

    la marina. Lena débarque la première. Elles se tapent dans la main en une compétition amicale. À bout de souffle, et commencent à marcher. 

    Elles atteignent une promenade en bois, donnant sur la plage. A une des extrémités – – une grande barrière en maillons de chaînes est visible. La même que le prisonnier a grimpée au début.

    HANA

    Il y a une fête ce soir.  J'en ai entendu parler sur un de ces sites clandestins.

    LENA

    Rachel va me tuer si je me fais prendre à une fête. Je suis déjà sur sa liste rouge. 

    HANA

    On doit y aller ! C'est la dernière année. Notre dernier tour.

    LENA

    C'est où ?

    HANA

    37 Brooks Street, à Hunter's Ridge.

    LENA

    Ce lotissement vide de l'autre côté du parcours de golf ?

    ALEX (hors champ)

    Hé !

    Une voix perçante les interrompt. Leurs têtes se tournent brusquement pour voir Alex, passant par par la promenade avec les autres officiers.

    ALEX (continue)

    Vous ne devriez pas être là-bas les filles. C'est trop proche de la barrière.

    HANA

    (d'un air faussement respectueuse)

    Oui monsieur.

    Silencieusement, Lena reconnaît Alex. Il la reconnaît aussi. Aucun d'eux ne parlent. Hana tire sur la manche de Lena.

    HANA (continue)

    Allons-y.

     Les filles montent sur lla promenade. Les officiers partent dans une direction alors que Lena et Hana se dirigent vers l'autre. Lena regarde en arrière par-dessus son épaule. Quand elle le fait, Alex regarde aussi en arrière.

     

     

    EXT. MAISON DES FINEMAN – SALLE A MANGER – JOUR

    La maison des Fineman est une maison imposante, près de la banque de Severn River. Thomas prend son repas avec Lydia dans leur grande salle à manger, lisant un journal « approuvé par l’État » sur son iPad – –  quelque chose sur un « PRISONNIER ÉVADÉ » .

    LYDIA

    J'ai emmené Julian au médecin. Ils veulent encore attendre trois mois pour sa Procédure. 

    FINEMAN

    Putain. Il va bien.

    LYDIA

    Pas selon le Dr Becker. Son nombre de globules blancs est encore trop bas. Ça compte, Tom.

    FINEMAN

    Je comprends, mais plus il vieillit, et plus ça fait de moi un hypocrite. Mon propre fils, courant dans tous les sens, pas encore guérit …

    LYDIA

    Tu veux qu'il meure sur la table d'opération ?

    FINEMAN

    Non, mais je ne veux pas non plus qu'il attrape la maladie.

    LYDIA

    Il a un comportement un peu étrange. 

    (Le téléphone sonne.)

    Je vais répondre. Pourquoi ne montes-tu pas pour aller lui parler ?

     

     

    INT. MAISON DES FINEMAN – CHAMBRE DE JULIAN – JOUR

    Julian se tient debout à la fenêtre de sa chambre avec une pair de jumelles (on ne voit pas ce qu'il regarde, mais on suppose qu'il regarde des oiseaux.) Il y a un rapide coup à la porte ; il les met rapidement de coté alors que son père ouvre la porte.

    FINEMAN

    Tu es occupé ? 

    JULIAN

    Pas vraiment.

    Fineman rentre dans la chambre, se met à l'aise.

    FINEMAN

    Ta mère est de nouveau inquiète pour toi.

    JULIAN

    Quel est le problème ?

    FINEMAN

    C'est une mère. C'est ce qu'elles font. Mais j'ai compris. Ça doit être dur, d'avoir ton âge, encore en train d'attendre. Encore sensible aux … émotions.

    Julian a été susceptible dernièrement. Il ment.

    JULIAN

    Je vais bien.

    FINEMAN

    Souviens-toi. Tout est une maîtrise de soi. Garde les démons sous contrôle. Tu veux entendre quelque chose que je ne t'ai jamais dit avant ?

    JULIAN

    Bien sûr.

    FINEMAN

    Je suis déjà tombé amoureux. L'été où j'ai eu 17 ans. J'étais maître nageur à la plage. Il y avait une fille là-bas, de mon âge. Je l'ai appelée Sunny. Elle était superbe, tu pouvais devenir aveugle simplement en la regardant. Nous avons perdu la tête sur le parking, sur la banquette arrière de ma Caprice Classic de 86.

    Ils sont interrompus par la voix de Lydia en bas des escaliers.

    LYDIA

    Tom ? Le bureau du senateur Hargrove est au téléphone.

    FINEMAN

    Je vais le prendre dans le bureau !

    Il se lève. Julian le suit.

    JULIAN

    Attends. Qu'est-ce qui s'est passé ?

      

      

    INT. MAISON DES FINEMAN – REZ DE CHAUSSÉE – CONTINUE

    Julian suit Fineman en bas du large couloir de style géorgien.

    FINEMAN

    Je ne pouvais pas m'arrêter de penser à elle. Je savais que j'avais des problèmes. J'avais entendu des histoires de jeunes qui avaient attrapé la maladie avant d'avoir été guéris, et je ne voulais pas m'engager sur cette voie. Alors j'ai arrêté. Je ne l'ai plus jamais revue. Mais je pensais à elle, chaque jour.

    Ils atteignent une porte fermée. Fineman sort la clé de sa poche, la déverrouille. Julian n'est pas autorisé à entrer.

    JULIAN

    Jusqu'à ce que tu ais eu ta Procédure, n'est-ce pas ? C'est ce qui t'as sauvé ? 

    FINEMAN

    Je suis encore là, non ?

    Fineman donne un petit coup rassurant dans l'épaule de son fils, et disparaît dans le bureau. Il ferme la porte ; on entend distinctement la serrure tourner.

     Reste Julian, enfermé dehors.

     

    EXT. LOTISSEMENTS ABANDONNÉS – CETTE NUIT

    Hana et Lena traversent les jardins dans Hunter's River, des lotissements abandonnées par cause de saisies. Les fenêtres sont noirs.

    HANA

    Je me demande si c'est considéré comme une intrusion dans une propriété privée.

    LENA

    Pas si personne vit ici.

    Lena et Hana tournent au coin de la rue ; des bruits de fête proviennent d'une maison sombre. 37 BROOKS STREET. C'est une fête pour adolescents, essayant de ne pas être repérée, mais le bruit devient hors de contrôle. Cela les surprend. Elles s'arrêtent.

    HANA

    Merde.

    LENA

    Maintenant, c'est une fête.

    HANA

    C'est bruyant.

    Lena regarde autour d'elle.

    LENA

    Personne n'entendra. Dernier tour, tu te souviens ?

    Lena se saisit de la main de Hana, la tire brusquement vers la fête.

     

    INT. FÊTE – NUIT

    Lena et Hana ouvrent la porte pour trouver – –

     

    UNE FÊTE ÉTOURDISSANTE ET ÉNORME. La salle est remplie d'une foule d'adolescents entrain de s'agiter, dansant, buvant dans des gobelets en plastique rouge. Un jeune latino avec des cheveux bleus portant simplement un slip fait le DJ avec son ordinateur. Lena et Hana échangent un regard – – on n'a qu'une seule vie – et entrent dans la mêlée.

     

    DE L'AUTRE CÔTÉ DE LA SALLE – –

    On trouve Alex. Il semble différent sans son uniforme. Même mieux. Il se tient debout avec sa meilleur amie, REN, une jeune femme asiatique, avec un esprit vif sous ses Vêtements Américains. Elle boit un coup, fait une grimace.

    REN

    Fais-moi penser de ne pas trop en boire.

    ALEX

    N'en bois pas trop.

    Elle réalise qu'il est distrait. Suit son regard.

    REN

    Qu'est-ce que tu regardes ?

    ALEX

    Cette fille là-bas.

    REN

    Laquelle ?

    ALEX

    Avec le pull gris.

    REN

    Le chapeau à larges bords ?

    ALEX

    L'autre. Je l'ai rencontrée hier, au labo.

    REN

    Il n'y a pas une politique contre le fait de se taper des filles au boulot.

    ALEX

    Sûrement. Il y a une règle contre tout.

    DE L'AUTRE CÔTÉ DE LA SALLE – – Hana repère Alex. Elle donne un coup de coude à Lena.

    HANA

    Oh mon dieu. C'est le flic.

    LENA

    Quel flic ?

    HANA

    Celui du labo. Merde ! Il vient par ici.

    Alex marche droit vers elles. Hana se retourne brusquement et disparaît dans la foule … mais Lena est figée sur place. Alex attérit devant elle.

    ALEX

    Salut.

    LENA

    Heu … salut. J'ai des ennuis ?

    ALEX

    Je ne sais pas. Tu en as ?

    Lena se demande : est-ce qu'il se fout de moi ou est-il sérieux ? Un sens de l'humour caché, mais c'est dur à dire.

    LENA

    Tu sais, le couvre-feu n'est qu'à minuit. 

    ALEX

    Relaxes. Je ne suis pas en service. Je suis Alex.

    Il présente sa main.

    LENA

    Lena. Mais tu le sais déjà.

    SUR LEURS MAINS – – agrippées pendant un long moment.

    ALEX

    Je t'ai déjà vue.

    LENA

    Oui, hier. Et aujourd'hui, sur la plage.

    ALEX

    Je descends sur le port entre les changements. Je te vois tout le temps courir là-bas.

    LENA

    Je suppose que tu n'oublies jamais un visage. 

    ALEX

    Si, je les oublie. Je me souviens simplement du tiens.

    Il y a un moment de tension entre eux.

    LENA

    Je crois que tu as fais peur à mon amie. Normalement les flics ne traînent pas dans des soirées.

    ALEX

    Je ne suis pas un flic typique.

    (un instant)

    Bref. Tu ferais mieux de la trouver. A bientôt ?

    LENA

    Ouais. À plus.

    Il sourit et se détourne, s'en va. Lena voit la CICATRICE derrière son oreille. Quand il est parti, Hana réapparaît à côté d'elle.

    HANA

    Qu'est-ce qu'il voulait ?

    LENA

    Je n'en ai pas la moindre idée.

    HANA

    Je te jure, je crois qu'il t'aime bien.

    LENA

    Il ne peut pas. J'ai vu sa cicatrice. Il est guéri :

     

    Changement de décor :

     

    EXT. BARRIÈRE – NUIT

    Alex, traversant la plage qu'on a vu plus tôt, se dirige vers la barrière. La pancarte réitère que c'est la LIMITITATION DE LA VILLE. NE PAS FRANCHIR.

    Mais Alex ne prête pas attention. Il marche jusqu'à la barrière et l'escalade, puis disparaît dans l'obscurité qui se trouve derrière.

    Clairement pas un flic normal. Mais qui est-il ?

     

    FIN DE L'ACT UN

     

     

     


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  • Nous atteignîmes un champ entouré d'une barrière en rondins de bois. Des vaches broutaient dans les hautes herbes, et une petite hutte au toit de chaume ronde se tenait à l'autre coté du champ. Grimalkin bondit sur la barrière et s'assit, remuant la queue.

    - Tu trouveras de l'aide dans cette maison, dit-il en me regardant avec des yeux jaunes impassibles. Simplement, n'effraie pas le bétail quand tu traverseras le champ.

    - Et toi ? demandai-je tandis qu'il baillait et levait sa patte arrière pour faire sa toilette. Tu ne viens pas ?

    - Moi ? Non, je rends les Brownies nerveux. Ne t'inquiète pas, je serai pas loin. Simplement ne mentionne pas mon nom ou tu provoqueras leur panique. (Il arrêta brusquement sa toilette, m'observant discrètement.) Et quoi que tu fasses, ne propose pas de les aider pour quoi que ce soit.

    Me tournant le dos, il commença à se lécher le flanc, et je sus que j'avais été congédiée.

    J'escaladai la barrière, essayant de ne pas me disloquer l'épaule, et traversa le pâturage. Les vaches arrivaient seulement à ma taille et quand ils me virent arriver, ils déguerpirent à travers le champ en poussant des beuglements alarmés. Quand j'atteignis la hutte, j'entendis des bourdonnements provenant de l'intérieur et je frappai timidement à la porte. Le bourdonnements s'arrêta. Pendant un instant, le silence régna, puis des pas se dirigèrent vers moi. La porte s'entrouvrit, et un œil pâle, qui se trouvait au même niveau que mon genou me regardait prudemment.

    - Qui est là , murmura le visage de l'autre coté. Allez-vous en ! Je vous préviens, je suis armé. Je vous réduirai en bouillie si vous touchez à mon bétail.

    J'entendu le son de quelque chose de solide, frappant l porte, et je reculai d'un pas.

    - Je suis désolée, dis-je en maudissant mentalement Grimalkin. Je ne voulais pas vous déranger, je vais partir à présent.

    - Non, attendez.

    La porte s'ouvrit un peu plus en grand, et une tête hirsute émergea. D'épais cheveux châtains encadraient un visage rond avec un nez de la taille d'une patate. Le petit homme me lorgna et ses yeux s'ouvrirent en grand.

    - Une humaine ? Chuchota-t-il et tout son visage s'illumina. Eh bien ! Cela ait longtemps que j'avais pas vu un enfant mortel. (Il recula et ouvrit la porte en grand, se révélant être un homme d'un mètre environ, habillé de vêtements souillés. Ses bras et ses pieds nus étaient recouverts de fourrure marron aux poils raides.) Entrez, entrez. J'étais sur le point de préparer le dîner.

    J'hésitai, jetant un coup d'oeil en arrière pour un signe de Grimalkin. Mais, à l'exception des vaches broutant du coté le plus loin de la barrière, le pâturage était vide.

    Quand je marquai une pause, l'homme de petite taille fronça les sourcils, confus, puis rit. C'était un rire agréable, ni hystérique ni effrayant.

    - Ah, je constate que vous êtes déjà tombée sur les résidents les plus désagréables. (Il gloussa, secouant la tête.) Ne vous inquiétez pas, petite fille, je ne vais pas vous mettre dans le four. J'ai longtemps travaillé avec les humains. Vous êtes en sécurité ici, je vous assure.

    Rassemblant mon courage, je franchis le seuil, et l'homme ferma la porte derrière moi. Ma première impression était l'étonnement. De la manière dont s'habillait les Brownies, je m'étais attendue à ce que la maison soit sale, couverte d'os et de fourrure. Au contraire, la hutte composée de trois petites pièces, était peut-être la maison la rangée que j'avais jamais vu. On avait balayé le sol, les tables et les meubles brillaient en raison de la cire, le cœur de la cheminée tait dénué de cendres et de saleté. Tout, de la vaisselle sur l'égouttoir jusqu'aux étagères mettant en avant des douzaines et des douzaines de livres, tout était à sa place. Si le Brownie possédait un chien, pas un poil ne reposerait de travers ou sur le sol.

    - Ouah ! Murmurai-je en me baissant pour éviter la plafond bas. Maman n'a jamais rendu la maison aussi propre, même pour ses rencontres avec le club.

    Le Brownie rayonna.

    - A présent, dit-il en marchant vers la table et m'offrant une chaise. Vous êtes blessée, n'est-ce pas ? Je peux sentir le sang. Pourquoi ne pas vous asseoir et me laisser y jeter un œil ? Ensuite, quand la partie désagréable sera terminée, on pourra dîner.

    A contrecoeur, je m'affalai sur la chaise, en espérant ne pas la casser comme elle convenait à la taille du Brownie. Cependant, elle semblait assez robuste, et le petit homme sauta sur un tabouret pour examiner mon épaule.

    - Mmh oui, marmonna-t-il en écartant une partie du tissu. On dirait que vous avez fricoté avec des gobelins. Des créatures mauvaises et immondes. Il y a un trou juste ici sur votre omoplate. On dirait que vous avez pris une lance dans le dos, ma fille. Un instant, j'ai un baume pour ça.

    Il descendit du tabouret et ouvrit un placard qui était aussi propre et minuscule que le reste de la maison. Quand il revînt, il tenait fermement un pot bleu dans sa main calleuse.

    - De la poudre d'une corne de licorne, murmura-t-il en remontant sur le tabouret. Il mérite son poids en or, mais je garde toujours une petite réserve à porté de main, au cas où.

    - Pourquoi m'aidez-vous ? Demandai-je alors qu'on appliquait quelque chose de froid et qui picotait dans le dos.

    Le Brownie gloussa.

    - Pourquoi pas ? Dit-il en descendant une fois de plus. C'est ce que nous faisons, ma fille. A présent, bougez ce bras. Voyez si ça va mieux

    Je levai le bras prudemment et constatai que la douleur était partie. En examinant mon épaule, je trouvai le trou dans le tissu de mon t-shirt, mais la peau en dessous était guérie. C'était un sacré baume. J'examinais le pot et vis une toute petite étiquette qui disait « coffret pour licorne »

    - Maintenant, dit le Brownie en se frottant les mains, nous pouvons manger.

    Le dîner fut simple : du pain avec du beurre au miel, du lait, du fromage, tous fait maison et provenant du troupeau du Brownie.

    - Ne vous inquiétez pas, ce n'est pas de la nourriture de fée, me rassura-t-il bien que je n'avais aucune idée de ce qu'il voulait dire. Je sais comment préparer des repas pour les humains, pas comme ces elfes prétentieux de la Court. (Il renifla et leva la main en agitant un mouchoir invisible.) Tout doit être si fantaisie et glamour, parce nous sommes des aristocrates, se moqua-t-il d'une voix chantante. Bah ! Ils oublient que les plaisirs les plus simples sont souvent les meilleurs.

    J'avais une fin de loup, mais par égard pour mon hôte, j'essayai d'être polie et de ne pas manger comme un animal. La nourriture était délicieuse, bien qu'un peu sucré, et les portions trop petites. Cependant, je n'allai pas me plaindre.

    Après le dîner, le Brownie commença à nettoyer la table. Automatiquement, je me levai et ramassai mon assiette. Le Brownie se raidit. Je vis ses yeux allaient de l'assiette dans ma main à moi, avec un air blessé. Je me rappelai trop tard l'avertissement de Grimalkin. Et quoi que tu fasses, ne propose pas de les aider pour quoi que ce soit.

    - Je suis désolée, dis-je en reposant l'assiette.

    L'expression du Brownie ne changea pas.

    - Ce n'est pas grave, dit-il d'une voix froide. Je n'ai pas besoin d'aide, mais merci quand même.

    -Je suis vraiment désolée. (Je réessayai.) Je ne voulais pas vous offenser.

    Il renifla et continua d'un ton excessivement poli.

    - Je vous aurai bien proposé mon lit ce soir, mais il est trop petit. Vous trouverez des couvertures dans le placard ? Dormez ici pour cette nuit, mais demain, j'ai bien peur d'être dehors, tôt, pour traire les vaches. J'espère que vous comprenez.

    - Oui, murmurai-je, et je le regardai tristement ranger la cuisine, puis se retirer dans sa chambre, en claquant la porte.

    Je l'avais offensé, et quelque part, je savais qu'il n'allait pas me pardonner. Je trouvais les couvertures dans le placard et essayai de mettre à l'aise sur le sol, utilisant mon sac à dos comme oreiller. Quelque chose s'enfonçait dans mon crâne et j'ouvris la fermeture de mon sac pour trouver mon iPod, encore trempé par mon plongeon dans la rivière.

    - Bon sang, soupirai-je, regardant l'écran, à présent gauchit et déformait dans la faible luminosité. J’extrayais les écouteurs, les branchai, et essayai de l'allumer. Rien. Pas même un vrombissement. J'avais passé des mois à économiser pour ce truc, et maintenant il était détruit, comme tout le reste dans ma vie pathétique. Tout en laissant retomber lourdement l'iPod cassé sur une extrémité de la table, je m'allongeai et boudai, détestant cet endroit avec tous ses résidents étranges et stupides avec leur manies étranges et stupides. Finalement, je tombai dans un sommeil agité.

     

    Quand je me réveillai, la maison était plongée dans le noir. Tout restait immobile et silencieux, chaque contour dessiné par une vague lumière bleue provenant du clair de lune qui traversait les fenêtres. Rien ne bougeait. Mais j'étais sûre que quelque chose m'avait réveillée. On frappa à la porte. Un léger toc-toc, puis le silence.

    Je jetai un œil en direction de la chambre u Brownie. Cependant la porte restait fermée. J'entendis un faible ronflement de l'autre coté.

    On frappa de nouveau. Un peu plus fort cette fois, plus insistant.

    Bougeant comme dans un rêve, je me levai en repoussant les couvertures et fis quelques pas vers la porte, le bras tendu. Non ! Criai-je dans ma tête. N'ouvre pas ! Mais mon corps appartenait à quelqu'un d'autre et je pouvais seulement regarder, impuissante, alors que je tendis le bras pour attraper la poignée et l'agripper.

    Sous ma paume, la poignée trembla et tourna. Je fis un pas en arrière alors que la porte s'ouvrit brusquement en un grincement agonisant.

    Le mystérieux garçon se tenait debout dans le couloir, le clair de lune brillant dans ses cheveux noirs, ses yeux étaient comme deux fentes en métal dans l'obscurité. Il leva un poing vers moi, quelque chose de large pendant de sa main. La tête de Puck.

    Un cri se bloqua dans ma gorge. Le garçon laissa tomber la tête sur le plancher dans un bruit sourd et mouillé, faisant des éclaboussures cramoisies. Je levai les yeux vers lui alors qu'il dégainait son épée, la lame glaciale recouverte de sang séché. Je pouvais simplement regarder, fascinée, alors qu'il leva son épée au dessus de sa tête. Ses yeux étincelant ne quitta jamais les miens.

    - Ils sont là, murmura-t-il en abaissant l'épée.

     

    Je me réveillai en sursaut, le cri se transformant en un halètement étouffé comme il s'échappait. Le cœur palpitant, je m'allongeai, essayant de reprendre mon souffle pendant que je fixais frénétiquement la pièce du regard . La porte du Brownie resta fermée ; aucun ange de la mort se surgit du perron, le sol parfaitement débarrassé de têtes.

    Dans l'obscurité, je vis quelque chose bougea du coin de l'oeil.

     


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