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Par Siobhan le 24 Mars 2014 à 16:07
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Mélanie Cottencin
Titre Original : Personnal Demons
Copyright © Jana Oliver
Démons personnels
Une histoire courte sur Denver Beck
**Se passe trois ans avant le premier tome de Devil City**
Août 2015
Atlanta, Géorgie
Denver Beck savait qu'il devait faire ses preuves ou renoncer. Chaque apprenti piégeur de démons passait ce test : aujourd'hui, il piégerait son premier démon de Classe Trois. Si il réussissait, il franchirait une autre étape pour avoir le grade de compagnon. Dans le cas contraire, il aurait prouver à beaucoup de personne qu'ils avaient eu raison – qu'il n'était rien de plus qu'une perte de temps.
Durant les derniers mois, il avait été placé sous l'oeil attentif d'un maître piégeur, apprenant les tenants et les aboutissements du métier. En vérité, Paul Blackthorne était plus un père qu'un professeur. Beck avait toujours respecté cet homme, un veuf sympathique qui avait la petite quarantaine. Même après que Paul ait perdu son boulot d'enseignant et qu'il soit devenu piégeur de démons, leur amitié avait perduré. Maintenant, c'était l'occasion de lui montrer combien il pouvait être bon.
Bien qu'on pouvait trouver les créatures de l'Enfer partout dans Atlanta, ils aimaient se rassembler dans le quartier de Five Points, juste au sud du centre-ville. Les piégeurs, un groupe d'hommes mal assortis venant de tous les horizons, l'appelait « Demon central ». C'était le meilleur endroit pour trouver une des plus féroces créatures de l'Enfer de Lucifer, un Gastro. Les Trois, comme les appelaient les piégeurs, étaient baptisaient « machines à tuer ».
Paul et lui avaient été appelés pour piéger un tel monstre. Alors qu'ils prenaient un long escalator pour descendre dans les profondeurs de la station Peachtree, Beck remonta la bretelle de son lourd sac à dos de piégeur pour l'empêcher de glisser de son épaule. Il était chargé de l'équipement habituel du piégeur : un long tuyau en acier de soixante centimètres, d'un sac contenant des entrailles de poulet, de sphères magiques et de quelques bouteilles d'eau bénite. Avec la chaleur, le poulet commençait à sentir mauvais.
En dessous d'eux survint la plainte stridente et caractéristique d'un des trains entrant dans la station. Bien que la ville soit en faillite, les trains du MARTA continuaient de fonctionner, quoique de manière erratique. La station Peachtree était l'une des principales lignes de métro, située sous terre, au cœur de la ville.
Son t-shirt lui collait à la peau à cause de la chaleur d'août. Beck passa la main dans ses cheveux blonds et courts comme les militaires. Il y avait une histoire particulière avec cette station et c'en était pas une bonne. La dernière qu'il était venu, il avait essayé de piéger un Pyro, un démon aimant le feu. Il avait sérieusement foiré la capture et une équipe luttant contre les produits dangereux (les décontamineurs) avait été appelée pour s'occuper du nettoyage. La Guilde des Piégeurs de Démon leur avait reproché ce fiasco. Cela lui avait presque coûter sa carte d'apprenti.
Si il foirait cette fois, il ferait parti du passé.
Pourquoi je fais ça ? Je dois être fou. Malheureusement, un vétéran de vingt et un ans ne pouvait pas faire grand chose à moins qu'il voulait violer la loi ou vivre dans la rue.
Un gamin dans l'autre escalator lâcha un cri de guerre et Beck s'accroupit instinctivement, le cœur battant et la bouche sèche. Lorsqu'il aperçut la source du bruit, il se releva, se sentant idiot.
Il était revenu du Moyen-Orient depuis quelque mois. Tous comme les bruits quotidiens, le genre qu'ignoraient les autres personnes, il devait contrôler ses sens renforcés par la guerre. Il se retrouva automatiquement à scruter les visages, cherchant des ennemis, des gens qui pourraient lui tirer dans le dos ou provoquer une série d'explosions.
En Afghanistan, cette prudence extrême lui avait sauvé la vie. Bien que la guerre s'était soi-disant essoufflée, il y aurait toujours quelqu'un qui aimerait tuer un groupe d'Américains, surtout s'ils portaient l'uniforme. Un après-midi, une bombe se trouvant au bord de la route avait presque failli le tuer.
Peu importe ses efforts, Beck était encore trop tendu pour laisser baisser sa garde.
Son mentor le remarqua.
‒Les seuls méchants ici sont les démons, dit doucement Paul. Pas besoin d'être si nerveux.
‒ Je ne peux pas m'en empêcher. C'est comme ça que je suis à l'heure actuelle.
‒ Ce n'est pas une mauvaise habitude, Den, continua Paul. C'est juste que ça détourne ton attention des vraies menaces. (Son ami lui sourit.) Ne t'inquiète pas, tu vas très bien t'en sortir.
‒ Ravi de voir que l'un de nous le pense.
La Guilde répertoriait les démons selon leur létalité et leur intelligence générale. Heureusement, les Gastros n'étaient pas si intelligents, mais ils le compensaient avec une férocité pure. Les Trois mesuraient environ un mètre vingt, leur corps était couvert de fourrure, en général noire. Les plus jeunes étaient dodus et n'avaient qu'une seule rangée de dents, en haut ainsi qu'en bas. Les adultes avaient plus de dents et étaient très agressifs.
Bien que Paul ne laisserait pas cette créature le manger, il n'y avait rien pour l'empêcher d'arracher les intestins de Beck avant que son ami le coince avec une sphère d'Eau bénite.
‒ Le démon pourrait se cacher dans les tunnels ou dans un des trains, remarqua Paul, toujours en mode professeur. Que proposes-tu pour le trouver ?
‒ Guetter les cris ? plaisanta Beck.
‒ Parfois, ce n'est pas si facile.
Puis les cris commencèrent.
‒ Ah merde ! dit Beck et il détala, dépassant à la hâte les autres personnes qui se trouvaient dans l'escalator.
Une fois que Paul et lui atteignirent le quai, ils trouvèrent un groupe de civils qui s'empressaient d'aller ailleurs. La raison de leur panique se tenait à environ dix mètres de là – un Gastro. Celui-ci était plus mince, avec des muscles épais sous la fourrure, et il arborait deux rangées de dents mal alignées. Six serres dépassaient de chaque patte et ses yeux étaient deux lasers rouges.
Il les avait déjà vu, mais Paul avait été celui qui les piégeait. Maintenant, c'était son tour.
‒ C'est l'un des âgés, prévint Paul. Il bougera plus rapidement que d'habitude. Tiens-le éloigné des civils et je le frapperai avec l'eau bénite.
Les mains de Beck tremblèrent alors qu'il déposa son sac de piégeur sur le béton. L'adrénaline se réveilla dans son corps et il se força à respirer profondément. C'était la partie du boulot qui lui flanquait la trouille, et il vivait pour ça.
‒ Tu seras prudent, d'accord ? demanda Paul.
‒ Oui, monsieur, répondit Beck.
Il sortit rapidement le tuyau et les entrailles qui serviront d'appât. Paul avait déjà une sphère d'Eau bénite dans la main, prêt à la jeter au moment où le démon s'en prendrait à Beck. Si il touchait le démon au visage avec la boule de verre, il serait inconscient assez longtemps pour l'immobiliser. Ce n'était pas une méthode de capture parfaite, mais en général cela fonctionnait. Quand ça ne marchait pas, les piégeurs étaient blessés … ou tués.
N'étant plus fasciné par le contenu d'une poubelle, le démon manifestait un intérêt profane à un adolescent. Le gamin était occupé à prendre des photos du monstre avec son téléphone portable, sans doute pour impressionner ses copains.
Idiot !
‒ Dégage de là ! cria Beck, déjà en route.
Surpris, l'ado regarda par dessus son épaule, pris au dépourvu. Le démon choisit ce moment pour lancer son attaque.
Beck prit de la vitesse, les jambes frappant le sol dans l'espoir de couvrir la distance plus rapidement. Tandis qu'il courrait, il jeta le sac contenant les entrailles pour qu'il atterrisse au loin, sur la gauche du gamin. Le Trois l'ignora, se dirigeant sur un repas beaucoup plus large.
Criant pour attirer son attention, Beck se plaça entre l'ado et le Trois. Il donna un coup de hanche au garçon vers un wagon qui était ouvert.
‒ Pars ! cria Beck.
Le gamin trébucha, heurta le sol du train et glissa, ses doigts encore verrouillés sur son téléphone. Bien que les civils avaient libérés le passage, Beck se trouva au mauvais endroit. Il essaya de se retourner rapidement pour éviter le démon, mais il laboura son bras de ses griffes empoisonnées tandis qu'il chargeait. Il hurla sous la douleur.
Dans un fracas effrayant, une sphère d'Eau bénite se brisa contre la paroi du train, éparpillant du liquide et des fragments de glace dans toutes les directions. Elle avait juste manqué la tête du démon.
Au grand soulagement de Beck, les portes du wagon se fermèrent et le train quitta la station.
Au moins, le gamin est sauf.
Son départ accapara assez longtemps l'attention du démon pour que Beck recule et jauge la situation. Le Trois fit de même alors que de la salive coulait le long du menton. Il lui lança un regard noir de ses yeux rouges flammes. Il tressaillit à la vue du sang et de la chair sur les griffes de la créature.
Beck raffermit sa prise sur le tuyau. Il était chaud au toucher.
‒ Piégeurrr ! cria le démon alors qu'il se jeta sur Beck.
Il l'écrasa avec son tuyau, mais il s'y prit trop tard. Au lieu d'un coup ferme, le Trois accrocha l'arme de sa griffe, l'utilisant pour le rapprocher. Avant qu'il réalise ce qu'il était en train de se passer, ses dents claquèrent à quelques centimètres de son cou, sa mauvaise haleine le brûlant alors que l'odeur nauséabonde de la fourrure putride envahit son nez.
Une boule de verre s'écrasa contre l'épaule du démon, mais il n'y eut aucun effet. Beck relâcha le tuyau et plongea sur le coté. Au lieu de la lâcher, le démon lança l'arme à travers l'espace ouvert et directement sur lui. Quand il leva le bras pour se protéger, elle rebondit contre l'os, tapant son front au passage. La tête de Beck explosa de douleur et il tomba presque à genoux. S'il le faisait, il était mort.
‒ Dégage de là ! interpella Paul, la panique dans sa voix.
Quand Beck obtempéra, une autre sphère d'Eau bénite fendit l'air, mais elle rata la cible. Il saisit le tuyau, mais le monstre bougeait déjà, courant vers lui. Ils tombèrent sur le béton et roulèrent, leur élan les emmenant hors du quai, dans le trou crasseux qui se trouvait plus bas.
Il atterrit lourdement sur le dos, le souffle coupé, lui coûtant de précieuses secondes pour reprendre sa respiration. Regardant frénétiquement autour de lui, il jura quand il vit que le tuyau n'avait pas fait le voyage avec lui. Il réalisa aussi qu'il était proche du chemin de fer, celui qui apportait de l'électricité pour faire fonctionner les trains. Il s'en éloigna rapidement.
Pas étonnant que Paul n'avait pas jeté une autre sphère, pas avec Beck si proche de cette énorme source d'énergie. Se faire griller n'était pas amusant en soi.
‒ Den ? appela son ami, son visage dépassant le bord du quai. Ça va ?
Beck répondit oui d'un signe de tête et se releva, cherchant le démon. Il était environ cinq mètres plus loin, se levant lui aussi sur ses pattes griffées. Il était ravi de voir qu'il avait été blessé : un bras était sectionné et du sang noir dégoulinait.
Un faible grondement emplit la station alors qu'un train arriva de l'autre côté du quai. Ce qui voulait dire qu'il y avait plus de monde à présent, plus de chance pour quelqu'un de se faire blesser. Le démon leva sa gueule et renifla l'air, sentant des proies fraîches.
Beck recula lentement. Il n'avait pas d'armes, et s'il courait, le monstre le poursuivrait et le mettrait en morceaux. Si le démon le suivait sur le quai, cela s'aggraverait rapidement. De là, la créature avait deux ou trois moyens de s'échapper et beaucoup de gens qu'il pouvait blesser au passage. Bien que les flics du MARTA essayaient d'évacuer les curieux, les gens ne bougeaient pas. Pas quand il y avait autant de tension.
‒ Je dois le garder en bas avec moi.
Beck prit connaissance que son ami était sur sa gauche, debout sur le quai.
‒ Ça craint presque, Paul, interpella-t-il.
‒ Je suis d'accord. Je n'ai pas d'opportunités, pas avec toi en bas.
‒ Je sais et si je sors, le démon me suivra droit jusqu'au les civils.
Paul se retourna et cria à l'un des flics du MARTA, l'implorant de faire évacuer le quai. Ils faisaient de leur mieux, mais certains des passagers refusaient de partir, leur téléphone sortit, juste au cas où cela s'avérait être un moment choquant à poster sur Youtube.
Un plan commença à germer dans l'esprit de Beck.
‒ Donne-moi mon tuyau et une sphère, exigea-t-il.
‒ L'eau n'est pas ton ami à l'heure actuelle, prévint Paul.
‒ Je sais, répondit-il.
Il ne l'était pas non plus au démon.
Les objets demandés lui parvinrent, ainsi que le marmonnement inquiet de son ami. Beck serra le globe tout près de sa poitrine, et brandit le tuyau.
Le démon déplaça son poids vers l'avant, un signe qu'il était sur le point de courir.
‒ Mâcher tesss os ! cria-t-il alors qu'il fonça sur lui.
Beck le frappa fort à la poitrine, et encore, la créature le griffa alors qu'il passa devant, se rapprochant dangereusement.
Ah, merde.
Beck pivota et recula, n'ayant jamais eu la chance d'utiliser la sphère.
Ce n'est peut-être pas une bonne idée après tout.
Alors que le train de l'autre coté du quai commença à quitter la station, Beck jeta un coup d'oeil par-dessus l'épaule du démon. C'était seulement une question de temps avant qu'un train arrive sur cette voie. Il pouvait peut-être l'utiliser à son avantage.
Il leva les yeux vers le panneau électronique, espérant voir quand le prochain train arriverait. Le panneau affichait une publicité pour un concert.
‒ Merde, murmura-t-il.
Le démon respirait bruyamment à présent et jetait un coup d'oeil à maintes reprises vers Paul et le quai. Au lieu de tuer, évaluait-il ses chances de fuir ?
C'était l'heure de rendre la créature folle. Si elle essayait de le tuer, elle n'aurait pas les idées claires.
‒ Hé, le démon, comment ça va pour toi ? appela Beck. Tu es le plus fort des anciens de Lucifer ? (Il renifla.) Pas étonnant qu'ils l'aient éjecté du Paradis.
Le démon grogna à la mention du nom de son maître. Ils détestaient qu'on leur répète qu'ils n'étaient rien d'autre que des esclaves de l'Enfer.
‒Allez, abruti. Finissons-en. Ou as-tu peur d'un petit piégeur.
Le démon laissa échapper sa colère en rugissant, agitant ses bras dans l'air.
Maintenant !
Il lança le tuyau comme un boomerang vers la tête du Trois. Il plongea, comme l'avait espéré Beck. Il courut, jetant la sphère directement à la tête du démon. La sphère éclata, faisant jaillir le liquide sacré. Avec un grognement, le monstre s'effondra sur les genoux, entre les rails, luttant pour rester conscient.
Un faible bruit fit lever les yeux de Beck alors qu'un train surgit du tunnel, si proche qu'il sentit la vague de pression de l'air qui s'élevait juste à l'avant de la machine.
‒ Den ! Sors de là ! Cria Paul.
Beck fit un bond désespéré vers le quai, ses genoux percutant le bord alors qu'il essaya de se hisser. Le klaxon fendit l'air, suivit par le cri perçant des freins alors que le conducteur de train réalisa qu'il y avait du monde sur les rails.
Des mains le saisirent et l'extirpèrent. Beck sentit quelque chose tirait sur l'arrière d'une de ses bottes, l'enlevant presque. On entendit un cri aigu. Pendant une seconde, il crut que cela provenait de lui. Il y eut un craquement écœurant puis le bruit d'étincelles.
Après ce qui fut une éternité, Beck se força à respirer.
‒ Mes jambes … Elles sont toujours là ?
Il savait comment, parfois, on ne réalisait pas la présence de graves blessure tout de suite. Il l'avait appris personnellement.
Paul l'examina alors qu'il s'agenouillait près de lui.
‒ Tu vas bien. Je ne vois rien qui manque. Où as-tu mal ?
‒ Partout, marmonna Beck.
Il soupira. C'était le train qui avait tiré l'une de ses bottes. Ça a été chaud. Avec un effort considérable, il leva doucement la tête.
‒ Le Trois ?
‒ De l'histoire ancienne, répondit Beck entre de profondes respirations, les yeux grands ouverts.
Il tremblait et cela l'effraya plus qu'autre chose.
‒ Oh seigneur, Beck, ton dos est tout lacéré.
‒Non, sans blague.
‒ Beck mit sa joue contre le béton froid alors que toutes blessures envoyaient des messages « oh mon dieu, ça fait mal » à son cerveau surchargé. Au moins, il ne s'était pas transformé en sushi comme le démon.
L'air se remplit doucement d'une odeur nauséabonde et écœurante de fourrure brûlée alors que des excités et le crépitement des radios de police s'élevèrent autour d'eux.
A la fin, avec l'aide de Paul, Beck s'assit, ce qui fit palpiter son dos en même temps que sa blessure au cuir chevelu. Il dressa le sinistre inventaire : la poussée d'adrénaline lui donnait la nausée, ses mains et ses genoux étaient écorchés et il y avait trop de sang sur son pantalon et le devant de son t-shirt pour que ça soit de bonnes nouvelles.
‒ Les pompiers et le Hazmat sont en route, s'exclama l'un des flics du MARTA.
Ah merde. Pas encore.
Alors que quelqu'un eut un haut-le-coeur à cause de l'odeur nauséabonde du démon rôti, une annonce fut transmise par l'interphone, déclarant que ligne nord-sud du MARTA était hors-service pour le moment. Cela allait faire chier certaines personnes, surtout ceux qui se dirigeaient vers l'aéroport.
Et je suis responsable. Tout ce qu'il voulait, c'était rendre Paul fier de lui, mais comme la plupart des choses dans sa vie, tout était parti en vrille. Je devrais peut-être renoncer maintenant.
Paul se leva et montra sa carte alors qu'un flic approchait.
‒ Je suis le maître piégeur Blackthorne et voici mon apprenti. On nous appelé pour s'occuper d'un démon de Classe Trois.
‒ Ce n'est pas ce qu'on a entendu dire, répondit l'homme en fronçant les sourcils. On nous a signalé qu'un fou jouait à chat avec un démon et jetait des gens sur les rails.
Beck garda le silence et laissa son mentor prendre l'initiative. Il était trop en colère et s'il se laissait faire, la situation s'aggraverait. Si c'était possible.
En dépit de l'approche placide de son ami, il fallut cinq minutes à Paul pour rassurer et faire comprendre au flic qu'ils n'étaient pas les ennemis. Ça n'empêcha pas le rassemblement de police d'autoriser le chien de l'équipe de déminage a vérifier leurs sacs de piégeurs mais aussi eux. Ça n'avait jamais le grand amour entre les piégeurs et les flics.
Quand le chien renifla Beck, il recula en éternuant. Avec un gémissement, il plongea derrière les jambes de son dresseur.
‒ Je ne l'ai jamais vu faire ça avant, dit le mec.
‒ Les chiens sont intelligents – ils ont peur des démons, et là, c'est ce que sent mon partenaire, expliqua Paul.
Le mec de l'équipe de déminage emmena son chien autre part.
Alors que tout se déroulait, l'épaisse fumée huileuse envahit la caverne, les restants du Trois frit polluant l'air et tous ceux qui étaient proches. Beck observa la scène, nul amusé, alors que les pompiers et les décontamineurs essayèrent de trouver un moyen pour gérer la situation. Il était prêt à parier qu'il n'y avait rien dans leur manuel pour celle-ci.
Quel bordel.
Paul l'aida à boiter jusqu'au banc en bois le plus proche puis s'assit à coté de lui, une bouteille d'Eau bénite à la main.
‒ Vas-y, dit Beck.
Il deviendrait de plus en plus malade si on ne traitait pas les blessures rapidement, les toxines amenant son corps à pourrir de l'intérieur.
Quand le liquide sacré toucha sa jambe lacéré, Beck ravala un juron, conscient qu'ils étaient dans un lieu public. Puis vient le bras et enfin le dos. La douleur atroce de ce denier le fit presque vomir.
‒ Ça tiendra jusqu'à ce que les docteurs te soignent, annonça Paul en glissant la bouteille vide dans son sac de piégeur. Mon dieu, tu t'es fait beaucoup de blessures.
‒ Ça n'a pas d'importance de toute façon, dit Beck, la voix tendue. Maître Harper avait raison – je suis un raté. Il va s'assurer qu'on me renvoie de la Guilde à cause de ça. Je devrais peut-être leur épargner cette peine et partir maintenant.
Paul se retrouva brusquement devant lui.
‒ Quoi ? Je croyais que tu étais plus dur que ça. Tu l'as toujours dit. Était-ce des conneries ou est-ce que le démon t'a tranché les couilles.
Beck recula, stupéfait. Il n'avait jamais entendu son ami parler comme ça.
‒ Ne fais pas comme si ce n'était pas grave. Les parents de ce gamin vont nous poursuivre, la Guilde et moi, en justice. C'est merd …
‒ Ce n'est pas un pique-nique, et ce n'est jamais facile, mais ce que tu fais est important. Tu as sauvé la vie de ce garçon, et maintenant tu penses que ça n'en valait pas le coup ?
‒ Mais j'ai foiré.
‒ Ça nous arrive à tous. C'est la vie. (Son ami fronça les sourcils.) Donc qu'est-ce qui m'attend ? Tu es des nôtres ou pas ? Dis-moi. Je dois savoir.
Si il arrêtait, Beck savait ce que les autres piégeurs diraient. Ouais, il a renoncé. Il n'avais pas le courage pour le faire. Il n'a jamais été un des nôtres. Puis ils diraient qu'il n'était pas de taille pour s'occuper du travail.
‒ Den, tu l'es ou pas ? demanda gravement son ami.
Paul méritaient une réponse.
Beck envisagea le futur et prit le risque.
‒ Je suis partant, murmura-t-il, tellement doucement qu'il se demanda s'il avait vraiment dit les mots.
Paul poussa un soupir de soulagement.
‒ Alors, dis-moi, qu'est-ce que tu as fait de mal ?
‒ Tout ?
‒ Non, pas complètement. La prochaine fois que tu pièges un Trois tu devras être un peu plus intelligent, à condition que tu apprennes quelque chose de ce … désastre. Alors parle-moi. Dis-moi ce que tu aurais changer ?
Laisser d'autre abruti capturer la créature ?
Sachant que ce commentaire allait lui causer seulement de la peine, Beck repassa la scène de la capture, étape par étape.
‒ J'aurais dû avoir une sphère avec moi, tout de suite, puisque j'allais être proche de cette créature.
Un signe de la tête comme réponse.
‒ Quoi d'autre ?
Je n'aurais pas dû obstruer ton champ de tir. J'étais sur le trajet la plupart du temps donc tu ne pouvais pas toucher le démon.
‒ Correct. Et … ?
Son regard se posa sur son mentor.
‒ Qui y a-t-il d'autre ?
‒ Ne joue pas à la poule mouillée avec un train, répondit Paul, le ton tranchant à présent. C'était complètement fou, Den.
‒ Ouais, eh bien, cela a éloigné le démon des civils.
‒ C'est vrai. C'était aussi incroyablement brave. Je ne sais pas si j'aurai eu le courage de le faire.
‒ La Guilde ne va pas le voir de cette façon.
‒ Ils pourront une fois qu'ils auront vu les images de surveillance, répliqua Paul. Ça pourrait nous sauver la mise.
‒ Ça a peu de chances et tu le sais.
‒ C'est à l'image de notre vie. Une chance puis une autre.
Ça pourrait nous sauver la mise. Il détourna les yeux, regardant dans le vide. Il ne s'agissait pas que de lui. Qu'allaient-ils faire à Paul ? Ils le renverraient pas de la Guilde à cause de moi, n'est-ce pas ?
Beck n'osait pas poser la question. Il remarqua un homme costaud se soustraire du cercle de flics de la MARTA et se diriger vers eux. Il avait la carrure d'un secondeur1 et portait un costume sombre et une cravate bleue. Son expression sérieuse.
‒ Vous êtes le piégeur qui a jeté mon fils dans le train ? demanda-t-il, les yeux fixés sur Beck. Sa voix était profonde et retentissante.
Nous y voilà.
‒ Oui monsieur, c'est moi.
Il ne voyait pas aucune raison pour ne pas en prendre pour son grade.
‒ Viens ici, fiston, ordonna-t-il.
L'ado qui s'était mis en danger s'approcha, l'une des lacets de ses chaussures montantes défait. Il haleta comme s'il avait couru. Le garçon regarda le sol, son téléphone dans la main comme si c'était un membre permanent de son corps.
‒ Alors qu'est-ce que tu dis à cet homme, Billy ?
‒ Ah … (le garçon leva les yeux vers Beck.) Merci. Ce que vous avez fait était … génial.
‒ Tu vas bien ?
‒ Ouais, dit-il en souriant. Je suis revenu en courant depuis la station Five Points pour voir ce qui se passait. J'ai même des infos dans mon téléphone.
‒ Je suis sûr que tu en as. (Beck grimaça quand il essaya de se redresser.) Simplement, promet-moi que tu t'éloigneras de ces monstres, tu m'entends ?
‒ Oui, monsieur. Je ne m'en approcherai plus.
Monsieur ? Beck trouva ça amusant. Il n'avait pas plus de quatre de plus que ce garçon mais pourtant il avait l'impression d'en avoir cinquante.
‒ Alors tout va bien, murmura-t-il.
Au moins pour le gamin.
‒ Mon fils m'a appelé pour me dire ce qui se passait, expliqua l'homme. Vous avez sauvé sa vie. Je ne l'oublierai pas.
‒ C'est notre boulot, monsieur, dit Beck.
L'homme tendit une carte de visite à Paul.
‒ Faîtes-moi savoir si ce jeune homme a besoin de quelque chose, d'accord ?
‒ D'accord. Merci, M … Dennis.
L'homme fit un signe de la tête, puis se dirigea vers la sortie, l'ado sur ses talons.
Paul rigola alors qu'il enfonça la carte dans une poche de sa chemise.
‒ Tu sais Den, tu dois avoir un ange gardien.
‒ Qu'est-ce qui te fait croire ça ?
‒Ce gentleman travaille dans les bureaux du gouverneur. C'est le médiateur.
Face à l'expression stupéfaite de Beck, il ajouta :
‒ C'est le genre d'homme que tu veux avoir sous la main si ça s'envenime avec la Guilde.
‒ Vraiment ? (Son ami acquiesça.) Eh bien, merde ...
Il fallut quelque efforts à Paul pour le mettre sur pieds. A son grand embarras, Beck s'aperçut qu'il avait des vertiges, la tête qui tournait comme s'il avait descendu un pack de six beaucoup trop vite.
‒ Et je voulais devenir piégeur … pourquoi ? murmura-t-il.
‒ Si je me souviens bien, tu as dit que ça t'aiderait à avoir du succès auprès des filles, répondit Paul, un rictus aux lèvres.
‒ Ouiiiiiii. On voit bien que je n'ai rien compris.
A peine franchirent-ils le tourniquet au niveau supérieur que quelqu'un leur barra la route.
Beck grogna. Il connaissait le mec – George quelque chose – un journaliste pour une des chaînes de télévision locales qui avait couvert son dernier grand fiasco.
‒ Hé Beck. Qu'est-ce qui se passe entre toi et les stations de métro ? demanda le mec, arborant un large sourire. Moi qui croyais que cela allait être une journée où l'actualité serait tranquille.
Il brandit un doigt dans l'air et le cameraman derrière lui alluma les lumières et commença à filmer.
‒ Nous sommes en direct de la station Peachtree du MARTA, commença le journaliste, où un sauvetage héroïque vient juste d'avoir lieu.
‒ Je ne suis pas un héros, grommela Beck entre ses dents.
Le petit coup de coude de Paul dans ses cotes lui indiqua que ce n'était pas le moment de faire le modeste.
‒ Maître Blackthorne, pouvez-vous nous donner un résumé de ce qui s'est passé aujourd'hui ?
Le micro se retrouva devant lui.
‒ Bien sûr que je peux.
Paul m'a toujours couvert. Pourquoi tournerais-je le dos à cette homme ?
Quand Beck finit par atteindre la rue, il s'effondra sur le banc pendant que Paul partit chercher la voiture. Il avala d'une bouffée d'air frais, croyait pouvoir encore sentir le démon rôti sur ses vêtements. Ses vêtements commencèrent à claquer alors qu'une fièvre s'empara de lui, bien que ses blessures aient été traitées par de l'Eau Bénite. Avec le temps, les blessures provoqués par les démons ne le gênerait plus autant, mais là, il bénéficiait de la version épouvantable du traitement.
Au moins, je ne suis pas une tache d'huile sur les rails.
Alors qu'il méditait sombrement sur ses chances de garder son boulot, deux petits pieds apparurent près de ses bottes tachées de sang. Il leva les yeux pour trouver une petite fille, de quatre ans peut-être, le regardant attentivement. Il essaya de sourire, mais mêmes ses lèvres faisaient mal.
‒ Salut, dit-il, la voix forte.
‒ Salut, répondit-elle.
Elle avait de gros yeux et les cheveux bruns, qui lui rappelait la fille de Blackthorne en quelque sorte. Cette petite pourrait être une mini Riley, bien que son nez soit plus court et ses yeux avaient plus une couleur verte que marron.
Après avoir jeté un regard vers sa mère, sûrement pour trouver du courage, la fillette lui offrit un petit cornet de crème glacée.
‒ J'ai vu ce que tu as fait. Dézolée que tu sois blessé, dit-elle avec un léger zézaiement.
‒ Merci. C'est super gentil de ta part, dit-il en prenant le cadeau, espérant que la gamine ne remarque pas le sang sur ses mains.
Elle recula sans faire de bruit vers ses parents, soudain timide. Son père leva le pouce, geste que Beck retourna, puis ils partirent, la petite fille tenant leur mains et parlant avec animation.
Au moins, quelqu'un m'aime.
Il avait même gagné un cornet à la vanille dans l'histoire. Il lécha une grande partie de la glace et laissa l'onctuosité froide fondre dans sa bouche. Le goût était plutôt bon. En plus, il n'avait jamais pu résister à un joli sourire.
Peut-être que sa vie ne craignait pas autant comme il le pensait. Il faisait ce qu'il aimait, même si le travail s'efforçait de le tuer. Si la Guilde prenait une décision en sa faveur – et cela serait un miracle – un jour, il serait un compagnon, même un maître piégeur de démon comme Paul.
Non, ce n'était pas la fin de sa carrière.
Peut-être que c'était simplement le début.
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Par Siobhan le 2 Mars 2014 à 03:37
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Mélanie Cottencin
Titre originale : Retro Demonology
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Démonologie d'un Rétro
La première capture de Riley en solo
** À lieu quelques semaines avant le premier tome de Devil City**
Atlanta
Janvier 2018
Le décalco « Fier d'être rétro » sur la porte d'entrée de la maison aurait du mettre la puce à l'oreille à Riley Blackthorne, mais chaque jour était étrange quand vous étiez apprenti piégeur de démons. Elle revérifia l'adresse sur l'ordre de capture qu'elle serrait dans sa main gauche. C'était ici.
C'est bien ma chance.
Le rétro attirait les bonnes grâces dans Atlanta, avec l'économie qui pétillait comme un pétard humide et la faillite de la ville. Alors que la vie d'aujourd'hui craignait, pourquoi ne pas « vivre » à une époque plus simple et plus idéale ? Même si cette époque craignait encore plus que maintenant. Certains Rétros préféraient les années 1980, d'autres les années 1940. Nul ne savait précisément quelle époque avait choisi le client.
‒S'il vous plaît, pas encore les années 50, murmura Riley.
Il y a quelques semaines, Riley et son père, qui était piégeur, avaient rencontré une dame rétro qui avait la tête fermement ancrée en 1955. Elle était habillée d'une robe rose et blanche à imprimé floral, d'un tablier blanc amidonné, de talons et d'un seul collier de perles. Elle avait une photo de Dwight D. Eisenhower sur le mur et sa cuisine était composée d'armoires métalliques, de chaises chromées et de lino. Elle s'était transformée en une dame Rétro furieuse quand ils eurent péchés un démon jurant, urinant et mordant parmi sa précieuse collection de livres de cuisine. Bien que le désordre sur ses armoires immaculées et sur le sol n'étaient pas considérables, madame années 50 s'était comportée comme si c'était la fin du monde. Et le leur fit savoir... à maintes reprises.
Comme avait dit le père de Riley après l'accident :
‒ Parfois, j'apprécie plus les démons que les clients.
Avec une prière silencieuse adressée au ciel, Riley frappa à la porte délabrée. Tout en gesticulant, elle lissa sa veste en jean et rejeta ses longs cheveux bruns par dessus ses épaules. Jusque-là, son père l'avait surveillée sur chacune de ses captures, l'empêchant de commettre des mouvements extrêmement stupides. Aujourd'hui, son père n'était pas là pour la soutenir et cela la rendit vraiment nerveuse. Non. Elle ne pouvait s'attendre à un traitement spécial simplement parce qu'elle était la fille de Paul Blackthorne, le légendaire maître piégeur.
C'était comme ça que ça fonctionnait – le maître emmenait le novice sur une capture jusqu'à ce qu'il juge l'apprenti prêt à s'occuper de petits démons par lui-même ou (dans ce la cas de Riley) par elle-même. Une fois qu'elle aura passé le test, elle s'attaquerait au démon de la Classe suivante, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'elle capture un Géo de Classe Cinq. Mais cela n'arriverait pas avant six mois. Une fois qu'elle aura terminé sa formation, elle passera un examen et deviendra le compagnon d'un piégeur. Il y avait gros en jeu, même s'il s'agissait simplement de prouver aux autres piégeurs de la Guilde d'Atlanta qu'elle n'était pas une idiote ambitieuse.
La porte s'ouvrit en grinçant et une femme jeta un coup d'oeil dans sa direction. Elle avait l'air d'avoir la quarantaine, mais elle essayait de paraître plus jeune, avec une coupe afro blonde, un pantalon taille basse et à pattes d'éph, un collier de perles et un t-shirt noir Peace Now. Encore plus troublant : ses yeux louchaient.
Oh merde. Elle est dans les années 60. Son père l'avait prévenu à propos de ces gens. Un autre visage apparut – il appartenait à un mec maigre comme un clou avec des cheveux bruns qui arrivaient aux épaules et retenus par un bandana noir sur son front. Une barbe touffue, un t-shirt préconisant l'amour libre et un jean miteux ne laissaient aucun doute, il était dans les années 60. Ils portaient tous les deux des sandales sans chaussettes. En janvier.
‒Paix, dit la femme, puis elle fit le geste approprié avec ses deux doigts. L'homme fit de même.
À l'évidence, Riley devra être l'adulte dans cette conversation.
‒ Je suis là pour m'occuper de votre …
Elle hésita à ce stade. Son père lui avait appris à ne jamais dire le mot commençant par un « d » en public jusqu'à ce que le client soit disposé à reconnaître l'existence du problème démoniaque. Avoir des démons dans votre maison revenait à déclarer que vous possédiez un nid à fléau. Certaines personnes n’achèteraient jamais une maison s'il y avait eu un démon à l'intérieur.
‒ Je suis là pour m'occuper du problème.
Le duo la fixèrent du regard.
‒ Vous savez, le problème ? (Rien. Trop subtil.) Je suis piégeuse de démons.
‒ Oh génial, dit la femme puis elle sourit. (Riley décida qu'on devait sûrement la surnommer Tournesol ou quelque chose du genre étant donné sa coupe de cheveux surdimensionnée.) L'homme de la Guilde a dit que vous auriez ce bout de papier.
Elle veut peut-être parler de ma carte. Riley plongea la main dans son sac coursier et sortit sa carte d'apprentie piégeuse de démons, preuve plastifiée qu'elle était autorisée à capturer une créature de l'Enfer. Enfin, les petits du moins. Les mini démons adoraient voler des bijoux, détruire des livres, brûler des circuits imprimés et coller des cafards morts dans des tasses pour dentiers. Que de choses pénibles. À moins que vous ne portiez un dentier ou ne soyez bibliothécaire.
Riley tendit sa carte dont la photographie la ridiculisait. Lorsqu'elle avait été prise, ses cheveux avaient ce mélange étonnant de brun et de noir avec des mèches bleues sarcelle. Maintenant, ils étaient naturellement bruns parce que son père avait insisté dessus.
‒ Les gens jugent sur les apparences, avait-il dit. Tu dois ressembler à une professionnelle. Les cheveux bleus ne sont pas épargnés.
Pas plus que le châtain terne.
‒ Vous avez seulement dix-sept ans ? demanda Tournesol, en levant un sourcil blond.
‒ Oui, mais je suis parfaitement entraînée pour m'occuper des démons de Classe Un, répliqua Riley, exactement comme son père le lui avait appris lorsque se dressait le problème de l'âge.
‒ Il est déjanté, annonça Bandana. Il a franchi la ligne.
‒ Quelle ligne ? Demanda Riley, perplexe.
‒ Il s'en est pris aux albums de Jim, dit le gars en secouant la tête, dégoûté. Ce n'est pas cool.
‒ On a essayé de le faire sortir, le faire changer de piaule, mais il ne veut pas partir, ajouta la femme. Donc, on a appelé l'homme.
N'essaye pas de comprendre. Finissons-en.
On lui redonna sa carte, puis on lui fit traverser une maison peuplée de fauteuils poire de couleur orange criard et vert, de rideaux de perles et d'un poster Che Guevara. Une sorte de musique indienne était diffusée en fond. Pire, l'endroit puait le patchouli. Riley renifla. Deux fois. Puis elle chercha un mouchoir.
Je dois juste attraper le démon et sortir d'ici. Puis passer plusieurs fois ses vêtement dans la machine à laver pour qu'on n'ait pas l'impression qu'elle vive dans un monastère bouddhiste à cause de l'odeur.
Ils entrèrent dans une pièce au fond de la maison qui ressemblait à un sanctuaire. Sûrement parce que c'en était un. Un mur entier était couvert de posters, tous de ce même groupe. Au milieu se trouvait une image énorme de cet homme mignon avec des cheveux bruns ébouriffés, habillé d'une veste en cuir et tenant un micro. Sous l'image se trouvait une plaque qui disait Light My Fire1 1943-1971. Puis il y avait des rangées et des rangées de bougies qui envoyaient des points lumineux sur les derniers murs recouverts de tapisserie.
Ça doit être un coup monté. Mon père a du persuader ses copains de m'embrouiller. Oui, c'est un bizutage.
Elle attendit le « je t'ai eu » venant de la pair de hippies. Il ne vint pas.
‒ Vous voyez ? demanda Tournesol.
Tout ce que voyait Riley était la sérieuse obsession de Jim Morrison et The Doors. Son père avait été fan, mais là c'était bien plus que ça.
‒ C' est une pièce bien rangée, dit Riley, pensant que c'était une réponse sûre.
‒ Non, pas ça, s'exclama Tournesol. Vous voyez ?
Suivant le doigt tendu, Riley finit par apercevoir le démon sur l'autel, perché à coté d'une petite statue de Jim.
‒ Pouvez-vous l'attraper ? demanda Tournesol dans un tintement de perles.
‒ Ouais, je l'aurai, répondit Riley.
Les piégeurs classaient les démons en fonction de leur dangerosité : de la Classe Un à la Classe Cinq. Celui-ci était un Classe Un, un Biblio. Il était peut-être petit, mais il pouvait saccager une bibliothèque comme une tronçonneuse quand il était de bonne humeur. Ce qui était pratiquement tout le temps.
Alors que Riley s'avançait lentement pour étudier le démon, il laissa échapper une série de jurons. Il faisait environ huit centimètres de hauteur, avait des oreilles pointues et une peau couleur mocha. Le trait le plus troublant était ses deux yeux rouges brillants qui lui lançaient un regard noir et menaçant.
‒ Piégeuuusee … cracha-t-il, puis jura de nouveau.
Le petit démon avait deux autres armes outre son ignoble caractère : des dents tranchantes et … Elle recula juste à temps pour éviter un minuscule jet d'urine vert qui se dirigeait vers elle. Hors de question qu'il lui ruine son jean.
Cette classe détestait les livres, mais cela n'expliquait pas sa présence ici. Ce n'était pas une bibliothèque ou une librairie, pourtant quelque chose l'avait attiré. Il y avait une pile de livres New Age sur le sol, à côté de l'autel, mais rien de si captivant à moins que vous ne vouliez lire quelque chose sur le compostage, l'alignement de vos chakras, ou sur un dragon chinois à cinq doigts de pieds.
Tandis qu'elle observait, la créature tira un livre de dessous ses fesses et commença à arracher les pages. Elle aperçut la tranche. Le livre était de John Milton.
‒ Ah, voilà votre problème, dit Riley, soulagée de se trouver en terrain connu. Vous avez un exemplaire du Paradis Perdu dans votre maison. Les Biblios détestent Milton. De même que Dante, C.S. Lewis et la plupart des livres sacrés. Ils s'en prendront à eux à chaque fois.
‒ Donc, genre, comment on fait pour attraper notre gars et le faire partir ? demanda Bandana.
Riley se tourna vers le duo. Ils ne pouvaient pas se comporter comme ça tout le temps, n'est-ce pas ?
‒ J'ai une arme secrète, répliqua-t-elle, s'efforçant de ne pas paraître confiante.
Ce qui n'était pas le cas.
J'aimerais que mon père soit là.
Le bruit d'une autre page qu'on déchirait se fit entendre. Cette fois-ci, le démon en fit en une balle pleine de salive et lui lança le missile. Il tomba lourdement sur sa tête.
Lançant un regard noir au démon, elle essaya de réfléchir. C'était capital – le piégeur devait garder le contrôle de la capture.
Attention. Je n'en ai pas encore fait. Elle ne les avait pas totalement mémorisé, elle sortit ldonc a feuille des Conséquences et des Risques Inattendus de son sac et commença à parcourir la liste. Tandis qu'elle lisait les risques potentiels, les clients se regroupèrent autour d'elle.
‒ Ils volent des âmes ? Là, c'est horrible, dit Bandana en désignant du doigt l'un des périls cités.
La plupart ne s'appliquait pas au démon sur l'autel.
‒ Quelle barbe, répliqua la femme.
Riley termina la liste et soupira de soulagement alors que Tournesol et ses perles bruyantes signait les papiers. Maintenant, elle était libre de passer à la capture. Elle allait justement suggérer au duo d'aller se promener, quand Bandana annonça :
‒ On va traîner dehors pour ne pas vous gêner.
‒ Ouais, nous avons des brownies dans le four.
Et ensuite ils partirent, refermant la porte derrière eux.
Riley soupira de soulagement. Puis elle se tourna pour mesurer du regard son ennemi. Le démon lui montra le doigt en réponse.
‒ Que fais-tu ici, avec ces gens ? Es-tu fou ? demanda-t-elle.
Il eut un grand sourire, découvrant ses dents. Et déchira une page de Milton.
‒ Bon, c'est fini.
Les Bilbios avaient une faiblesse : les livres. C'est pourquoi ils les détestaient. Si un piégeur lisait le bon texte à un Biblio, ils tombaient dans le coma et étaient plus facile à capturer. Son père lui avait dit qu'une prose dense fonctionnait mieux qu'une romance torride. Riley n'y avait pas cru, alors elle avait essayé avec une scène érotique du Secret de la Mariée Vierge, malgré les avertissements de son père. Le résultat n'avait pas été joli. Cela leur avait pris une heure pour attraper le Biblio enragé alors qu'il saccageait les rayons sur les procédures policières et sur les crimes dans une librairie locale.
Ayant appris sa leçon, Riley extirpa l'arme de son choix : Moby Dick. Elle inspira profondément, ouvrit le livre à la première page et commença à lire.
« Appelez-moi Ismaël. »
Elle continua la torture littéraire de cette prose alambiquée de Melville.
« C'est ma façon à moi de soigner mon spleen, de réguler ma circulation. »
Si elle avait eu une main en plus, elle aurait croisé les doigts à ce moment-là.
Il y eut une série de grognements.
‒ Je peux exaucer un de vos vœux, fille de Blackthorne, cria le démon, se tordant sous la douleur.
Riley continua de lire. Elle savait qu'un vœux menait à un autre et encore à un autre. L'ultime match serait une leçon sur « Bienvenue en Enfer » donnée par nul autre que le Prince lui-même.
Il y eut un cri de d'angoisse quand elle arriva à : « que mon âme est un mois de novembre gris et pluvieux … » Puis le silence. Riley leva les yeux de la page et sourit – le démon s'était évanoui.
‒ Un à zéro ! S'exclama-t-elle en levant le poing en l'air.
Puis elle entendit la voix de son père comme si il se trouvait juste à coté d'elle.
« Ne fais pas confiance au démon de l'Enfer avant qu'il ne soit enfermé »
Si le démon se réveillait avant qu'elle le mette dans un gobelet pour bébé, il péterait un câble et détruirait le sanctuaire dédié à Jim le Mort. Ça serait une vraie galère.
Elle fouilla frénétiquement dans son sac coursier, en sortit une tasse et ouvrit le couvercle. Tout en ramassant le démon inconscient par un pied, elle le déposa doucement à l'intérieur du récipient en plastique transparent. Le couvercle se referma. Puis elle glissa sur le sol, l'adrénaline disparaissant déjà.
Maintenant, sa première capture en solo fut un succès.
Papa va être tellement fier.
Le Bilbio se réveilla et piqua une crise infernale alors que Riley complétait les papiers avec les hippies dans la cuisine. Il cria et cogna contre la paroi de la tasse comme un forcené.
‒ Détends-toi, veux-tu ? demanda Bandana.
Le démon lui fit un geste obscène et fit une remarque grossière dans la langue des démons.
‒ Qu'est-ce qu'il dit ? Demanda l'homme.
‒ Croyez-moi, nous ne voulez pas savoir.
Dix minutes plus tard, Riley se dirigea vers le centre-ville d'Atlanta, chantant Dead and Lovin' It qui passait à la radio. Sur le siège passager se trouvait son sac coursier, les papiers signés et le vilain démon de l'Enfer. Sans surprise, il ne fut pas content donc Riley apprit deux ou trois nouveaux jurons démoniaques qu'elle n'oserait pas prononcer devant son père. Elle avait aussi gagné une accolade de Tournesol et trois colliers de perles qui n'allaient pas avec ce qu'elle possédait dans sa garde-robe.
Ce qui ne se trouvait pas à coté d'elle, c'étaient les deux brownies de taille démesurée, bien que le couple lui avait proposé d'en ramener à la maison avec elle. Riley avait prétendu une allergie au chocolat. C'était plus une question de « je n'ai pas besoin de me faire arrêter pour consommation d'herbe. »
Alors qu'elle s'approchait de l'intersection sur M.L King en direction du centre-ville d'Atlanta, le sac commença à tressauter sur le siège. Elle plaqua sa main dessus pour le garder en place tandis que le sac rebondissait comme un chat ayant la queue en feu. De minuscules pieds tambourinèrent contre sa paume tandis qu'un liquide vert coulait sur le siège. D'une manière ou d'une autre, le démon avait réussi à dévisser le couvercle de la tasse et il était bon à parier qu'il essayait de trouver un moyen pour sortir du sac. S'il réussissait, il pourrait s'échapper. Que dirait son père ?
Le sac s'écrasa sur le siège puis le démon pointa le bout de son nez.
‒ Oh non, certainement pas ! Retourne là-dedans.
Il se libéra entièrement , souriant comme un dément.
Distraite, Riley donna un grand coup de volant et faillit heurter une autre voiture. Le conducteur klaxonna et lui lança un regard noir.
‒ Arrête ça ! cria-t-elle au démon. Tu vas nous faire tuer, espèce d'idiot.
Au dernier moment, elle leva le yeux et haleta sous l'horreur. Enfonçant son pied sur la pédale de frein, elle s'écrasa contre la ceinture, ce qui provoqua la chute du sac sur le sol. Le démon s'éleva et atterrit sur le tableau de bord.
Il y eut un crissement et une odeur de caoutchouc brûlé.
‒ Noon !
La voiture finit par s'arrêter, manquant celle de devant de quelques centimètres.
‒ Dieu merci, soupira Riley en s'affaissant contre le volant, soulagée.
Elle ne voulait pas perdre son permis de conduire. Il lui avait fallu deux essais pour l'obtenir.
Des éclats de rire démoniaques s'élevèrent du tableau de bord où le démon se retrouvait plié en deux, des larmes coulant de ses yeux sous le coup de l'hilarité. Elle essaya de l'attraper mais il se glissa hors de sa portée.
‒ Hé, je ne l'ai pas heurtée, dit-elle en récupérant son sac posé sur le sol.
Elle devait remettre la créature dans la tasse. Le rire s'intensifia, l'amenant à hésiter.
‒ Qu'est-ce qui te fait rire ?
Alors qu'elle levait les yeux, elle aperçut la rangée de lumières bleues au-dessus de la voiture qu'elle avait presque emboutie. Comme celles qu'on voyait sur un véhicule de secours. Ou une …
Oh merde.
Le flic d'Atlanta sortit de sa voiture et se dirigea vers elle, un carnet de contravention à la main. Son froncement de sourcils certifiait que quelqu'un avait de gros problèmes et que ce quelqu'un était Riley.
‒ C'est une bonne chose que j'ai refusé les brownies, murmura-t-elle.
Il y eut un dernier éclat de rire hystérique provenant du démon, puis il plongea sous le siège passager, répandant de l'urine verte dans toutes les directions.
Au moment où le flic arriva à la voiture, Riley usa de son charme. Elle donna poliment son permis de conduire avec les mains tâchées de vert et essaya d'ignorer que les sièges de la voiture étaient maculés d'urine de démon. L'odeur était pire : des chaussettes de sport en décomposition.
Quand Riley expliqua le problème, l'oeil droit du policier commença à tressauter.
‒ J'ai déjà tout entendu, jeune fille. N'y songe même pas.
Alors elle lui tendit sa carte d'apprentie. Son froncement de sourcil s'accentua tandis qu'il l'étudiait.
‒ Tu plaisantes. Tu es vraiment une piégeuse ?
‒ Oui. Le démon est sous le siège passager, dit-elle.
Ou du moins, elle espérait qu'il y soit. Dans le cas contraire, elle se retrouverait sans démon et avec une contravention.
Malgré sa charmante personnalité, le flic ne croyait pas en son histoire, jusqu'à ce qu'elle fouille méticuleusement sous le siège à la recherche du petit mal venu de l'Enfer et le laisse tomber dans la tasse. Elle fixa le couvercle avec plus d'attention cette fois, puis tendit la tasse pour que l'officier puisse avoir un aperçu du petit monstre. Il lui fit immédiatement un doigt d'honneur.
‒ Oh mon dieu, c'est vraiment un … (l'homme pâlit et recula doucement.) Sois prudente maintenant, dit-il puis il battit vite en retraite vers sa voiture.
Quelques secondes plus tard, il partit à toute vitesse, espérant verbaliser quelqu'un qui n'avait pas de démon dans sa voiture.
Après une longue période à nettoyer les sièges, les fenêtres et à peu prêt tout l'intérieur de la voiture, Riley rentra chez elle. Quand la besace fit un autre bond sur le siège d'à coté, elle ne paniqua pas : elle s'était assurée que le couvercle de la tasse était bien fermée. D'après les jurons du démon, elle l'avait fait correctement cette fois.
Ça n'avait pas été joli, mais elle avait piégé sa première créature venant de l'Enfer toute seule.
Son père allait être très fier d'elle.
Elle augmenta le son de la radio pour couvrir les jurons du démon. La prochaine fois, elle mettrait le couvercle correctement.
La prochaine fois, il n'y aura pas d'urine de démon partout sur elle et dans la voiture.
La prochaine fois, ça sera parfait.
1** de Jim Morrison
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Par Siobhan le 27 Novembre 2013 à 16:04
Je m'approchai et glissai mes bras autour de sa taille, l'entendant prendre une inspiration silencieuse comme je l'attirai contre moi.
- C'était il y a longtemps, murmurai-je, pressant la joue contre son dos, écoutant les battements de son cœur. Tu as changé depuis ce moment. Cet Ash n'aurait pas protégé de sa vie une stupide humaine, ou ne serait pas devenu son chevalier, ou tu ne serais pas retrouvé exilé avec elle. A chaque étape, tu as toujours été là, juste à côté de moi. Je ne te laisserai pas partir maintenant.
- Je suis un lâche. (La voix d'Ash manquait d'entrain.) Si je tenais à toi autant que je le devrais, je mettrai fin à ma vie et la malédiction avec elle. Mon existence te met en danger. Si je n'étais plus là. . .
- Tu n'as pas intérêt, Ashallyn'darkmyr Tallyn. (Je m'accrochai à lui.) Ne t'avise pas d'en finir avec la vie à cause d'une superstition inconnue. Si tu meurs … (Ma voix se brisa, et je déglutis.) Je t'aime, chuchotai-je en serrant les poings contre son estomac. Tu ne peux pas partir. Tu as juré de ne pas le faire.
Les mains d'Ash vinrent se poser sur les miennes, entrelaçant nos doigts.
- Même si le reste du monde est contre toi, murmura-t-il en inclinant la tête. Je le promets.
Pendant un moment, nous restâmes simplement comme ça, nous contentant de rester immobile, alors que le vent hurlait autour de nous et tirait sur nos cheveux et nos vêtements. Ash, égal à lui-même, était immobile. Je fermais les yeux et me perdis dans sa respiration, dans sa poitrine qui se soulevait et s'abaissait, dans les battements de son cœur. C'était dur de croire, que parfois, ce beau prince sérieux et immortel qui se trouvait dans mes bras était à moi.
- Meghan.
Sa voix gronda contre mon oreille, basse et hésitante.
- Oui ? murmurai-je.
Il se retourna pour me faire face, prenant mes mains dans les siennes. Pendant quelques secondes, il regarda nos doigts entrelacés, fit parcourir son pouce gentiment sur ma peau, comme s'il rassemblait ses pensées.
- Sois patiente avec moi, dit-il finalement en fronçant les sourcils. (Son regard rencontra enfin le mien, brillant et expressif.) C'est … difficile parfois, de te regarder te battre, de te voir te précipiter encore et encore au-devant du danger. (Une main se leva, de longs doigts touchant gentiment ma joue.) Je ne peux supporter l'idée que quelque chose puisse t'arriver, chuchota-t-il. Je souhaite pouvoir te protéger de tout.
- Je sais, répondis-je en souriant. Mais c'est mon tour à présent. Tu en as déjà fait tellement, Ash ; maintenant c'est à mon tour de te protéger. Toi, Puck, le Pays de Nulle Part et… tout le monde. (Je soupirai et regardai derrière lui, les nuages envahissants le Royaume de Fer.) i je pouvais simplement découvrir un moyen de le faire.
- Je suis sûr que tu penseras à quelque chose. (La voix d'Ash était résignée. Il m'attira à lui, entourant ma taille de ses bras. En soupirant, il baissa la tête, de douces mèches de ses cheveux frôlèrent mon front.) Essaye … de ne pas me donner une crise cardiaque quand tu le feras.
- Je ne peux rien promettre, murmurai-je à mon tour. Mais j'essayerai.
Son expression laissa place à un faible sourire, et il répondit par un minuscule hochement de tête
- Je suppose que c'est tout ce que je peux demander …
Mais avant qu'il ait pu finir, je glissai mes bras autour de son cou, me redressai, et pris ses lèvres avec les miennes.
Il laissa échapper un cri sous la surprise, avant que ses yeux se ferment et qu'il se penche vers moi, nous rapprochant. Je savourais la sensation de ses lèvres contre les miennes, inspirant son odeur, ce mélange de givre et menthe poivrée. Il soupira mon nom, un simple mot, et cela me retourna l'estomac et enflamma mon corps. J'étais désespérée de me rapprocher et me rendis encore plus courageuse que je ne l'ai jamais été. Je poussai en avant, le poussant contre la balustrade, me mis sur la pointe des pieds pour déposer des baisers le long de son cou. Il grogna tout en penchant la tête en arrière, ses mains glissants vers le haut pour venir s'emmêler dans mes cheveux. Apparemment, je ne pouvais pas me rapprocher suffisamment. Jamais assez proche.
Ash baissa la tête, rencontrant à nouveau mes lèvres, ses baisers soudainement pressant et dévorant. Un bras m'entoura la taille l'autre prit en coupe l'arrière de ma tête, nous pressant l'un contre l'autre tel deux pièces de puzzle qui s’imbriquèrent. Je le tins aussi fermement que je le pouvais sentant les muscles durs et fins de son dos qui se déplaçaient sous son armure. Souhaitant qu'elle disparaisse, que je puisse sentir sa peau froide sous mes doigts. Sa cape flotta autour de nous comme les bords d'ailes déchirées, nous enveloppant tous les deux et je ne voulais pour rien au monde être ailleurs.
Ash recula soudainement, respirant profondément, essayant de se contrôler. Je sentis le martelant de son cœur. Il baissa les yeux, les épaules tremblantes, bien que ses bras ne lâchèrent pas prise et qu'il résista à ma tentative de retraite.
- Ash ?
Le regard qu'il me jeta était presque effrayant sous le coup de son intensité.
- Ordonne-moi, murmura-t-il, approchant mon visage du mien. Ses yeux plongèrent dans les miens, tout à coup exigeant et suppliant. Dis-moi d'arrêter, et je le ferai.
Je le fixai du regard, bien consciente que mon propre cœur faisait de son mieux pour briser/transpercer mes côtes. Ash me regardait, ses yeux argentés brillant de désir, et d'amour. Je tendis la main vers le haut, toucha son visage, et il ferma les yeux, posant sa main sur la mienne, la pressant contre sa joue, avant que son regard se repose de nouveau sur moi.
Attendant. Il n'irait pas plus loin, à moins que je le lui dise. Il me laissait décider, comme il me l'avait promis. Je pouvais l'abandonner sur la champ, et il ne me suivrait pas. Ou je pouvais le laisser partir, et il le ferait. On pouvait arrêter ça, maintenant, si j n'étais pas entièrement prête.
Je déglutis avec difficulté, baissa ses lèvres sur les miennes, et murmurai :
- Reste.
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Par Siobhan le 2 Juin 2013 à 16:53
Le glamour chatoya autour d'Ash, et sa silhouette commença à changer. Des épines acérées poussèrent de ses épaules, se dressant comme elles s'élevaient dans l'air. Un casque hérissé de pointes recouvrit son visage, la visière baissée, pour que seuls ses yeux puissent être vus à l'intérieur du casque. En quelques secondes, il était l'exemple parfait d'un Gardépine, sombre et menaçant.
- Alors, dit Puck, se penchant vers moi. Qu'est-ce que tu en penses princesse ? Je crois que le Chevalier Noir a rencontré Sonic le Hérisson.
- Est-ce que tu as un meilleur plan ? Défia Ash.
- Je suis sûr que je finirai par à en trouver un, soupira Puck en faisant un rapide geste qui provoqua le tourbillonnement des ombres autour de lui.
En quelques secondes, un deuxième Gardépine se tenait à coté d'Ash.
- Voilà, annonça Puck en prenant une pose qui avait l'air ridicule avec l'armure menaçante du Gardépine. Ce n'est pas vraiment une équipe à câliner, n'est-ce pas ?
- Ne bouge pas, Meghan.
Ash fit un geste de sa main vers moi, et des vagues d'ombres tournoyèrent autour de moi en prenant forme. Ma robe bleue en lambeaux disparut dans les ténèbres qui la recouvrirent tel une encre vivante. Des aiguilles dépassaient de mes avants-bras et d'épais gantelets couvraient mes mains, avec des griffes acérées aux extrémités. Le glamour noir montait sur mon cou, se consolidant dans le casque qui occultait ma vision. Pendant un instant, j'avais l'impression d'être aveugle et de suffoquer, mais ensuite l'obscurité de dissipa, et je pouvais voir les deux autres me regardaient. Je baissai les yeux, étonnée. Cela semblait si réel, je ne me reconnaissais pas. Je pouvais encore sentir ma robe, le satin léger frôlant la peau, la contraction pinçante de mes chaussures, mais j'avais l'impression que les épines sur mes avants-bras étaient solides et extrêmement coupantes.
- Ne l'examine pas de trop près, dit Grimalkin, apparaissant une fois de plus. C'est seulement une illusion. Touche quelque chose qui est fait de fer ou d'acier et ça s'effilera comme une toile d'araignée.
Ça me rappelait quelque chose.
- Et le cheval de fer ? Demandai-je en regardant Ash et Puck. Pouvez-vous le déguiser aussi ?
Le cheval de fer les regarda avec une expression dédaigneuse et s'ébroua.
- LEUR MAGIE NE MARCHERA PAS SUR MOI, PRINCESSE, dit-il, semblant un peu fier. COMME L'A INDIQUÉ LE CHAT, CELA S'EFFILERA SI CELA TOUCHE QUELQUE CHOSE FAIT DE FER. SI VOUS ENVISAGIEZ DE ME LAISSER DERRIERE, JE DOIS VOUS PREVENIR QUE JE COOPERERAI PAS.
- Je ne m'attendais pas à ce que tu le fasses. (Ash dégaina son épée, la lame au tranchant dentelé brilla d'un noir froid et luisant à cause du glamour. Le cheval de fer se figea alors qu'Ash pointait son épée sur la poitrine.) Tu viens avec nous, dit doucement le Prince. Mais pas comme tu le penses. On t'a vu en train de fouiner autour du périmètre, et maintenant on va te livrer à Virus. (Il fit un geste rapide avec l'arme, vers l'usine.) Alors, marche.
Cela me prit un moment pour réaliser ce qu'Ash était en train de faire. Pendant une fraction de seconde, j'étais figée sous la terreur, pensant qu'Ash nous avait encore une fois trahis. C'est seulement quand je vis Puck dégainer lui aussi son épée que je compris que cela faisait partie de son plan. Le cheval de fer avait apparemment compris un peu plus vite que moi, mais n'était pas du tout ravi. Après avoir jeté un coup d'oeil à Ash pendant un long moment tendu, il se releva, le menton haut, et commença à marcher en direction de l'usine.
Puck et moi suivîmes, gardant le cheval de fer entre nous alors que nous approchâmes du bâtiment. Mon cœur battait la chamade. Il y avait de nombreux risques. Si les Gardépines nous attrapaient, ils nous tueraient.
Deux Gardépines étaient postés devant les portes d'entrées. Quand ils nous virent, ils se redressèrent immédiatement et dégainèrent leurs épées. Mon cœur bondit. C'était une épée en acier, d'un gris brillant et dégageant une aura froide et sans couleurs.
- Mais qu'est-ce que c'est ? Demanda l'un d'entre eux, visant la poitrine du cheval de fer de la pointe de sa lame, et Puck se pencha en arrière pour s'éloigner de la lame en métal. Heureusement, l'attention des gardes étaient tellement concentrée sur le fée en fer, ils nous jetèrent à peine un coup d'oeil.
- Nous l'avons surpris entrain de rôder autour du bâtiment, répondit Ash, la voix dure et rauque. (Il semblait si différent. J'étais prête à lui jeter un regard pour voir si c'était toujours lui.) On a trouvé ça un peu étrange, donc on l'amène à Virus.
Le garde lança un regarde furieux à notre « captif. »
- Qui es-tu ? Grogna-t-il.
- JE SUIS LE CHEVAL DE FER, gronda-t-il sans rien tenter. JE FUS AUTREFOIS UN LIEUTENANT DU SEIGNEUR MACHINA, MAÎTRE DU ROYAUME DU FER.
- Machina est mort, dit le garde. Maîtresse Virus est la responsable à présent, ou elle le sera dès que nous aurons tuer tous ceux de votre espèce, les traîtres qui continuent de soutenir le faux roi. On devrait peut-être te tuer maintenant et t'épargner ce problème.
- VOUS LE FAITES A VOS PROPRES RISQUES, continua le cheval de fer, alors que j'étais figée derrière lui, le cœur battant à tout rompre. J'AI UN MESSAGE POUR VIRUS. ASH L'A TROMPÉE
Cela les surprit.
- Le Prince Ash ? Demanda l'un d'eux, rapprochant la lame du visage du cheval de fer. Il était supposé tuer la fille d'Oberon. Que lui est-il arrivé ?
- JE VOUS L'AI DIT. (Le cheval de fer ne bougea pas, même avec la lame qui s'agiter à un pouce de son œil.) IL A ECHOUÉ. LA PRINCESSE DE L'ÉTÉ ÉTAIT TROP FORTE POUR LUI.
- Il est mort ?
- ELLE LUI A ARRACHÉ LE BUG DE SON CRÂNE.
Les Gardépines pâlirent.
- Où est-elle maintenant ? L'un demanda.
- TOUTE PROCHE, sourit le chevalier de fer, montrant de parfaites dents blanches. VIRUS FERAIT BIEN D'ÉCOUTER CE QUE JE DOIS LUI DIRE.
- Dis-nous.
- MON MESSAGE EST POUR VIRUS.
Il se rapprochèrent, posant leurs épées contre son cou. Je me mordis la lèvre pour m'empêcher de haleter. Ash et Push se raidirent, mais restèrent calmes.
- On pourrait te tuer maintenant, traître, sourit un Gardépine laissant son épée glisser sur la peau du cheval de fer. De découper morceaux par morceaux. Je me demande de quelle couleur est ton sang ou si tu vas saigner ?
- Ça suffit. (Ash s'avança, le regard noir, et les Gardépines se tournèrent vers lui.) Virus décidera de quoi faire avec lui, pas vous. C'est notre prisonnier, alors reculez.
Ils ricanèrent, mais reculèrent, rengainant leurs armes.
- Très bien alors. Gâchez notre plaisir.
Je laissai échapper un furtif soupir de soulagement alors qu'ils nous firent signe de continuer notre chemin.
- Virus sera dans l'antichambre. Elle se prépare pour faire un discours, donc vous devriez vous dépêchez. Vous n'arriverez jamais à placer un seul mot si elle commence son monologue.
Ash fit un rapide signe de la tête et fis de la tête. Nous passâmes devant les gardes, franchîmes les portes, et continuâmes dans le repaire de Virus.
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Par Siobhan le 5 Mai 2013 à 11:47
Nous atteignîmes un champ entouré d'une barrière en rondins de bois. Des vaches broutaient dans les hautes herbes, et une petite hutte au toit de chaume ronde se tenait à l'autre coté du champ. Grimalkin bondit sur la barrière et s'assit, remuant la queue.
- Tu trouveras de l'aide dans cette maison, dit-il en me regardant avec des yeux jaunes impassibles. Simplement, n'effraie pas le bétail quand tu traverseras le champ.
- Et toi ? demandai-je tandis qu'il baillait et levait sa patte arrière pour faire sa toilette. Tu ne viens pas ?
- Moi ? Non, je rends les Brownies nerveux. Ne t'inquiète pas, je serai pas loin. Simplement ne mentionne pas mon nom ou tu provoqueras leur panique. (Il arrêta brusquement sa toilette, m'observant discrètement.) Et quoi que tu fasses, ne propose pas de les aider pour quoi que ce soit.
Me tournant le dos, il commença à se lécher le flanc, et je sus que j'avais été congédiée.
J'escaladai la barrière, essayant de ne pas me disloquer l'épaule, et traversa le pâturage. Les vaches arrivaient seulement à ma taille et quand ils me virent arriver, ils déguerpirent à travers le champ en poussant des beuglements alarmés. Quand j'atteignis la hutte, j'entendis des bourdonnements provenant de l'intérieur et je frappai timidement à la porte. Le bourdonnements s'arrêta. Pendant un instant, le silence régna, puis des pas se dirigèrent vers moi. La porte s'entrouvrit, et un œil pâle, qui se trouvait au même niveau que mon genou me regardait prudemment.
- Qui est là , murmura le visage de l'autre coté. Allez-vous en ! Je vous préviens, je suis armé. Je vous réduirai en bouillie si vous touchez à mon bétail.
J'entendu le son de quelque chose de solide, frappant l porte, et je reculai d'un pas.
- Je suis désolée, dis-je en maudissant mentalement Grimalkin. Je ne voulais pas vous déranger, je vais partir à présent.
- Non, attendez.
La porte s'ouvrit un peu plus en grand, et une tête hirsute émergea. D'épais cheveux châtains encadraient un visage rond avec un nez de la taille d'une patate. Le petit homme me lorgna et ses yeux s'ouvrirent en grand.
- Une humaine ? Chuchota-t-il et tout son visage s'illumina. Eh bien ! Cela ait longtemps que j'avais pas vu un enfant mortel. (Il recula et ouvrit la porte en grand, se révélant être un homme d'un mètre environ, habillé de vêtements souillés. Ses bras et ses pieds nus étaient recouverts de fourrure marron aux poils raides.) Entrez, entrez. J'étais sur le point de préparer le dîner.
J'hésitai, jetant un coup d'oeil en arrière pour un signe de Grimalkin. Mais, à l'exception des vaches broutant du coté le plus loin de la barrière, le pâturage était vide.
Quand je marquai une pause, l'homme de petite taille fronça les sourcils, confus, puis rit. C'était un rire agréable, ni hystérique ni effrayant.
- Ah, je constate que vous êtes déjà tombée sur les résidents les plus désagréables. (Il gloussa, secouant la tête.) Ne vous inquiétez pas, petite fille, je ne vais pas vous mettre dans le four. J'ai longtemps travaillé avec les humains. Vous êtes en sécurité ici, je vous assure.
Rassemblant mon courage, je franchis le seuil, et l'homme ferma la porte derrière moi. Ma première impression était l'étonnement. De la manière dont s'habillait les Brownies, je m'étais attendue à ce que la maison soit sale, couverte d'os et de fourrure. Au contraire, la hutte composée de trois petites pièces, était peut-être la maison la rangée que j'avais jamais vu. On avait balayé le sol, les tables et les meubles brillaient en raison de la cire, le cœur de la cheminée tait dénué de cendres et de saleté. Tout, de la vaisselle sur l'égouttoir jusqu'aux étagères mettant en avant des douzaines et des douzaines de livres, tout était à sa place. Si le Brownie possédait un chien, pas un poil ne reposerait de travers ou sur le sol.
- Ouah ! Murmurai-je en me baissant pour éviter la plafond bas. Maman n'a jamais rendu la maison aussi propre, même pour ses rencontres avec le club.
Le Brownie rayonna.
- A présent, dit-il en marchant vers la table et m'offrant une chaise. Vous êtes blessée, n'est-ce pas ? Je peux sentir le sang. Pourquoi ne pas vous asseoir et me laisser y jeter un œil ? Ensuite, quand la partie désagréable sera terminée, on pourra dîner.
A contrecoeur, je m'affalai sur la chaise, en espérant ne pas la casser comme elle convenait à la taille du Brownie. Cependant, elle semblait assez robuste, et le petit homme sauta sur un tabouret pour examiner mon épaule.
- Mmh oui, marmonna-t-il en écartant une partie du tissu. On dirait que vous avez fricoté avec des gobelins. Des créatures mauvaises et immondes. Il y a un trou juste ici sur votre omoplate. On dirait que vous avez pris une lance dans le dos, ma fille. Un instant, j'ai un baume pour ça.
Il descendit du tabouret et ouvrit un placard qui était aussi propre et minuscule que le reste de la maison. Quand il revînt, il tenait fermement un pot bleu dans sa main calleuse.
- De la poudre d'une corne de licorne, murmura-t-il en remontant sur le tabouret. Il mérite son poids en or, mais je garde toujours une petite réserve à porté de main, au cas où.
- Pourquoi m'aidez-vous ? Demandai-je alors qu'on appliquait quelque chose de froid et qui picotait dans le dos.
Le Brownie gloussa.
- Pourquoi pas ? Dit-il en descendant une fois de plus. C'est ce que nous faisons, ma fille. A présent, bougez ce bras. Voyez si ça va mieux
Je levai le bras prudemment et constatai que la douleur était partie. En examinant mon épaule, je trouvai le trou dans le tissu de mon t-shirt, mais la peau en dessous était guérie. C'était un sacré baume. J'examinais le pot et vis une toute petite étiquette qui disait « coffret pour licorne »
- Maintenant, dit le Brownie en se frottant les mains, nous pouvons manger.
Le dîner fut simple : du pain avec du beurre au miel, du lait, du fromage, tous fait maison et provenant du troupeau du Brownie.
- Ne vous inquiétez pas, ce n'est pas de la nourriture de fée, me rassura-t-il bien que je n'avais aucune idée de ce qu'il voulait dire. Je sais comment préparer des repas pour les humains, pas comme ces elfes prétentieux de la Court. (Il renifla et leva la main en agitant un mouchoir invisible.) Tout doit être si fantaisie et glamour, parce nous sommes des aristocrates, se moqua-t-il d'une voix chantante. Bah ! Ils oublient que les plaisirs les plus simples sont souvent les meilleurs.
J'avais une fin de loup, mais par égard pour mon hôte, j'essayai d'être polie et de ne pas manger comme un animal. La nourriture était délicieuse, bien qu'un peu sucré, et les portions trop petites. Cependant, je n'allai pas me plaindre.
Après le dîner, le Brownie commença à nettoyer la table. Automatiquement, je me levai et ramassai mon assiette. Le Brownie se raidit. Je vis ses yeux allaient de l'assiette dans ma main à moi, avec un air blessé. Je me rappelai trop tard l'avertissement de Grimalkin. Et quoi que tu fasses, ne propose pas de les aider pour quoi que ce soit.
- Je suis désolée, dis-je en reposant l'assiette.
L'expression du Brownie ne changea pas.
- Ce n'est pas grave, dit-il d'une voix froide. Je n'ai pas besoin d'aide, mais merci quand même.
-Je suis vraiment désolée. (Je réessayai.) Je ne voulais pas vous offenser.
Il renifla et continua d'un ton excessivement poli.
- Je vous aurai bien proposé mon lit ce soir, mais il est trop petit. Vous trouverez des couvertures dans le placard ? Dormez ici pour cette nuit, mais demain, j'ai bien peur d'être dehors, tôt, pour traire les vaches. J'espère que vous comprenez.
- Oui, murmurai-je, et je le regardai tristement ranger la cuisine, puis se retirer dans sa chambre, en claquant la porte.
Je l'avais offensé, et quelque part, je savais qu'il n'allait pas me pardonner. Je trouvais les couvertures dans le placard et essayai de mettre à l'aise sur le sol, utilisant mon sac à dos comme oreiller. Quelque chose s'enfonçait dans mon crâne et j'ouvris la fermeture de mon sac pour trouver mon iPod, encore trempé par mon plongeon dans la rivière.
- Bon sang, soupirai-je, regardant l'écran, à présent gauchit et déformait dans la faible luminosité. J’extrayais les écouteurs, les branchai, et essayai de l'allumer. Rien. Pas même un vrombissement. J'avais passé des mois à économiser pour ce truc, et maintenant il était détruit, comme tout le reste dans ma vie pathétique. Tout en laissant retomber lourdement l'iPod cassé sur une extrémité de la table, je m'allongeai et boudai, détestant cet endroit avec tous ses résidents étranges et stupides avec leur manies étranges et stupides. Finalement, je tombai dans un sommeil agité.
Quand je me réveillai, la maison était plongée dans le noir. Tout restait immobile et silencieux, chaque contour dessiné par une vague lumière bleue provenant du clair de lune qui traversait les fenêtres. Rien ne bougeait. Mais j'étais sûre que quelque chose m'avait réveillée. On frappa à la porte. Un léger toc-toc, puis le silence.
Je jetai un œil en direction de la chambre u Brownie. Cependant la porte restait fermée. J'entendis un faible ronflement de l'autre coté.
On frappa de nouveau. Un peu plus fort cette fois, plus insistant.
Bougeant comme dans un rêve, je me levai en repoussant les couvertures et fis quelques pas vers la porte, le bras tendu. Non ! Criai-je dans ma tête. N'ouvre pas ! Mais mon corps appartenait à quelqu'un d'autre et je pouvais seulement regarder, impuissante, alors que je tendis le bras pour attraper la poignée et l'agripper.
Sous ma paume, la poignée trembla et tourna. Je fis un pas en arrière alors que la porte s'ouvrit brusquement en un grincement agonisant.
Le mystérieux garçon se tenait debout dans le couloir, le clair de lune brillant dans ses cheveux noirs, ses yeux étaient comme deux fentes en métal dans l'obscurité. Il leva un poing vers moi, quelque chose de large pendant de sa main. La tête de Puck.
Un cri se bloqua dans ma gorge. Le garçon laissa tomber la tête sur le plancher dans un bruit sourd et mouillé, faisant des éclaboussures cramoisies. Je levai les yeux vers lui alors qu'il dégainait son épée, la lame glaciale recouverte de sang séché. Je pouvais simplement regarder, fascinée, alors qu'il leva son épée au dessus de sa tête. Ses yeux étincelant ne quitta jamais les miens.
- Ils sont là, murmura-t-il en abaissant l'épée.
Je me réveillai en sursaut, le cri se transformant en un halètement étouffé comme il s'échappait. Le cœur palpitant, je m'allongeai, essayant de reprendre mon souffle pendant que je fixais frénétiquement la pièce du regard . La porte du Brownie resta fermée ; aucun ange de la mort se surgit du perron, le sol parfaitement débarrassé de têtes.
Dans l'obscurité, je vis quelque chose bougea du coin de l'oeil.
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