• Démonologie d'un Rétro

    Traduit de l'anglais (États-Unis) par Mélanie Cottencin

    Titre originale : Retro Demonology

    Copyright © by Jana Oliver

     

    Démonologie d'un Rétro

     

    La première capture de Riley en solo

    ** À lieu quelques semaines avant le premier tome de Devil City**

     

    Atlanta

    Janvier 2018

    Le décalco « Fier d'être rétro » sur la porte d'entrée de la maison aurait du mettre la puce à l'oreille à Riley Blackthorne, mais chaque jour était étrange quand vous étiez apprenti piégeur de démons. Elle revérifia l'adresse sur l'ordre de capture qu'elle serrait dans sa main gauche. C'était ici.

    C'est bien ma chance.

    Le rétro attirait les bonnes grâces dans Atlanta, avec l'économie qui pétillait comme un pétard humide et la faillite de la ville. Alors que la vie d'aujourd'hui craignait, pourquoi ne pas « vivre » à une époque plus simple et plus idéale ? Même si cette époque craignait encore plus que maintenant. Certains Rétros préféraient les années 1980, d'autres les années 1940. Nul ne savait précisément quelle époque avait choisi le client.

    S'il vous plaît, pas encore les années 50, murmura Riley.

    Il y a quelques semaines, Riley et son père, qui était piégeur, avaient rencontré une dame rétro qui avait la tête fermement ancrée en 1955. Elle était habillée d'une robe rose et blanche à imprimé floral, d'un tablier blanc amidonné, de talons et d'un seul collier de perles. Elle avait une photo de Dwight D. Eisenhower sur le mur et sa cuisine était composée d'armoires métalliques, de chaises chromées et de lino. Elle s'était transformée en une dame Rétro furieuse quand ils eurent péchés un démon jurant, urinant et mordant parmi sa précieuse collection de livres de cuisine. Bien que le désordre sur ses armoires immaculées et sur le sol n'étaient pas considérables, madame années 50 s'était comportée comme si c'était la fin du monde. Et le leur fit savoir... à maintes reprises.

    Comme avait dit le père de Riley après l'accident :

    Parfois, j'apprécie plus les démons que les clients.

    Avec une prière silencieuse adressée au ciel, Riley frappa à la porte délabrée. Tout en gesticulant, elle lissa sa veste en jean et rejeta ses longs cheveux bruns par dessus ses épaules. Jusque-là, son père l'avait surveillée sur chacune de ses captures, l'empêchant de commettre des mouvements extrêmement stupides. Aujourd'hui, son père n'était pas là pour la soutenir et cela la rendit vraiment nerveuse. Non. Elle ne pouvait s'attendre à un traitement spécial simplement parce qu'elle était la fille de Paul Blackthorne, le légendaire maître piégeur.

    C'était comme ça que ça fonctionnait – le maître emmenait le novice sur une capture jusqu'à ce qu'il juge l'apprenti prêt à s'occuper de petits démons par lui-même ou (dans ce la cas de Riley) par elle-même. Une fois qu'elle aura passé le test, elle s'attaquerait au démon de la Classe suivante, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'elle capture un Géo de Classe Cinq. Mais cela n'arriverait pas avant six mois. Une fois qu'elle aura terminé sa formation, elle passera un examen et deviendra le compagnon d'un piégeur. Il y avait gros en jeu, même s'il s'agissait simplement de prouver aux autres piégeurs de la Guilde d'Atlanta qu'elle n'était pas une idiote ambitieuse.

    La porte s'ouvrit en grinçant et une femme jeta un coup d'oeil dans sa direction. Elle avait l'air d'avoir la quarantaine, mais elle essayait de paraître plus jeune, avec une coupe afro blonde, un pantalon taille basse et à pattes d'éph, un collier de perles et un t-shirt noir Peace Now. Encore plus troublant : ses yeux louchaient.

     Oh merde. Elle est dans les années 60. Son père l'avait prévenu à propos de ces gens. Un autre visage apparut – il appartenait à un mec maigre comme un clou avec des cheveux bruns qui arrivaient aux épaules et retenus par un bandana noir sur son front. Une barbe touffue, un t-shirt préconisant l'amour libre et un jean miteux ne laissaient aucun doute, il était dans les années 60. Ils portaient tous les deux des sandales sans chaussettes. En janvier.

    Paix, dit la femme, puis elle fit le geste approprié avec ses deux doigts. L'homme fit de même.

    À l'évidence, Riley devra être l'adulte dans cette conversation.

     Je suis là pour m'occuper de votre …

    Elle hésita à ce stade. Son père lui avait appris à ne jamais dire le mot commençant par un « d » en public jusqu'à ce que le client soit disposé à reconnaître l'existence du problème démoniaque. Avoir des démons dans votre maison revenait à déclarer que vous possédiez un nid à fléau. Certaines personnes n’achèteraient jamais une maison s'il y avait eu un démon à l'intérieur.

     Je suis là pour m'occuper du problème.

    Le duo la fixèrent du regard.

     Vous savez, le problème ? (Rien. Trop subtil.) Je suis piégeuse de démons.

    Oh génial, dit la femme puis elle sourit. (Riley décida qu'on devait sûrement la surnommer Tournesol ou quelque chose du genre étant donné sa coupe de cheveux surdimensionnée.) L'homme de la Guilde a dit que vous auriez ce bout de papier.

    Elle veut peut-être parler de ma carte. Riley plongea la main dans son sac coursier et sortit sa carte d'apprentie piégeuse de démons, preuve plastifiée qu'elle était autorisée à capturer une créature de l'Enfer. Enfin, les petits du moins. Les mini démons adoraient voler des bijoux, détruire des livres, brûler des circuits imprimés et coller des cafards morts dans des tasses pour dentiers. Que de choses pénibles. À moins que vous ne portiez un dentier ou ne soyez bibliothécaire.

    Riley tendit sa carte dont la photographie la ridiculisait. Lorsqu'elle avait été prise, ses cheveux avaient ce mélange étonnant de brun et de noir avec des mèches bleues sarcelle. Maintenant, ils étaient naturellement bruns parce que son père avait insisté dessus.

    Les gens jugent sur les apparences, avait-il dit. Tu dois ressembler à une professionnelle. Les cheveux bleus ne sont pas épargnés.

    Pas plus que le châtain terne.

    Vous avez seulement dix-sept ans ? demanda Tournesol, en levant un sourcil blond.

    Oui, mais je suis parfaitement entraînée pour m'occuper des démons de Classe Un, répliqua Riley, exactement comme son père le lui avait appris lorsque se dressait le problème de l'âge.

    Il est déjanté, annonça Bandana. Il a franchi la ligne.

    Quelle ligne ? Demanda Riley, perplexe.

    Il s'en est pris aux albums de Jim, dit le gars en secouant la tête, dégoûté. Ce n'est pas cool.

    On a essayé de le faire sortir, le faire changer de piaule, mais il ne veut pas partir, ajouta la femme. Donc, on a appelé l'homme.

    N'essaye pas de comprendre. Finissons-en.

    On lui redonna sa carte, puis on lui fit traverser une maison peuplée de fauteuils poire de couleur orange criard et vert, de rideaux de perles et d'un poster Che Guevara. Une sorte de musique indienne était diffusée en fond. Pire, l'endroit puait le patchouli. Riley renifla. Deux fois. Puis elle chercha un mouchoir.

    Je dois juste attraper le démon et sortir d'ici. Puis passer plusieurs fois ses vêtement dans la machine à laver pour qu'on n'ait pas l'impression qu'elle vive dans un monastère bouddhiste à cause de l'odeur.

    Ils entrèrent dans une pièce au fond de la maison qui ressemblait à un sanctuaire. Sûrement parce que c'en était un. Un mur entier était couvert de posters, tous de ce même groupe. Au milieu se trouvait une image énorme de cet homme mignon avec des cheveux bruns ébouriffés, habillé d'une veste en cuir et tenant un micro. Sous l'image se trouvait une plaque qui disait Light My Fire1 1943-1971. Puis il y avait des rangées et des rangées de bougies qui envoyaient des points lumineux sur les derniers murs recouverts de tapisserie.

     Ça doit être un coup monté. Mon père a du persuader ses copains de m'embrouiller. Oui, c'est un bizutage.

    Elle attendit le « je t'ai eu » venant de la pair de hippies. Il ne vint pas.

    Vous voyez ? demanda Tournesol.

    Tout ce que voyait Riley était la sérieuse obsession de Jim Morrison et The Doors. Son père avait été fan, mais là c'était bien plus que ça.

    ‒ C' est une pièce bien rangée, dit Riley, pensant que c'était une réponse sûre.

    Non, pas ça, s'exclama Tournesol. Vous voyez ?

    Suivant le doigt tendu, Riley finit par apercevoir le démon sur l'autel, perché à coté d'une petite statue de Jim.

    Pouvez-vous l'attraper ? demanda Tournesol dans un tintement de perles.

    Ouais, je l'aurai, répondit Riley.

    Les piégeurs classaient les démons en fonction de leur dangerosité : de la Classe Un à la Classe Cinq. Celui-ci était un Classe Un, un Biblio. Il était peut-être petit, mais il pouvait saccager une bibliothèque comme une tronçonneuse quand il était de bonne humeur. Ce qui était pratiquement tout le temps.

    Alors que Riley s'avançait lentement pour étudier le démon, il laissa échapper une série de jurons. Il faisait environ huit centimètres de hauteur, avait des oreilles pointues et une peau couleur mocha. Le trait le plus troublant était ses deux yeux rouges brillants qui lui lançaient un regard noir et menaçant.

    Piégeuuusee … cracha-t-il, puis jura de nouveau.

    Le petit démon avait deux autres armes outre son ignoble caractère : des dents tranchantes et … Elle recula juste à temps pour éviter un minuscule jet d'urine vert qui se dirigeait vers elle. Hors de question qu'il lui ruine son jean.

    Cette classe détestait les livres, mais cela n'expliquait pas sa présence ici. Ce n'était pas une bibliothèque ou une librairie, pourtant quelque chose l'avait attiré. Il y avait une pile de livres New Age sur le sol, à côté de l'autel, mais rien de si captivant à moins que vous ne vouliez lire quelque chose sur le compostage, l'alignement de vos chakras, ou sur un dragon chinois à cinq doigts de pieds.

    Tandis qu'elle observait, la créature tira un livre de dessous ses fesses et commença à arracher les pages. Elle aperçut la tranche. Le livre était de John Milton.

    Ah, voilà votre problème, dit Riley, soulagée de se trouver en terrain connu. Vous avez un exemplaire du Paradis Perdu dans votre maison. Les Biblios détestent Milton. De même que Dante, C.S. Lewis et la plupart des livres sacrés. Ils s'en prendront à eux à chaque fois.

    Donc, genre, comment on fait pour attraper notre gars et le faire partir ? demanda Bandana.

    Riley se tourna vers le duo. Ils ne pouvaient pas se comporter comme ça tout le temps, n'est-ce pas ?

    J'ai une arme secrète, répliqua-t-elle, s'efforçant de ne pas paraître confiante.

    Ce qui n'était pas le cas.

    J'aimerais que mon père soit là.

    Le bruit d'une autre page qu'on déchirait se fit entendre. Cette fois-ci, le démon en fit en une balle pleine de salive et lui lança le missile. Il tomba lourdement sur sa tête.

    Lançant un regard noir au démon, elle essaya de réfléchir. C'était capital – le piégeur devait garder le contrôle de la capture.

    Attention. Je n'en ai pas encore fait. Elle ne les avait pas totalement mémorisé, elle sortit ldonc a feuille des Conséquences et des Risques Inattendus de son sac et commença à parcourir la liste. Tandis qu'elle lisait les risques potentiels, les clients se regroupèrent autour d'elle.

    Ils volent des âmes ? Là, c'est horrible, dit Bandana en désignant du doigt l'un des périls cités.

    La plupart ne s'appliquait pas au démon sur l'autel.

    ‒ Quelle barbe, répliqua la femme.

    Riley termina la liste et soupira de soulagement alors que Tournesol et ses perles bruyantes signait les papiers. Maintenant, elle était libre de passer à la capture. Elle allait justement suggérer au duo d'aller se promener, quand Bandana annonça :

    On va traîner dehors pour ne pas vous gêner.

    Ouais, nous avons des brownies dans le four.

    Et ensuite ils partirent, refermant la porte derrière eux.

    Riley soupira de soulagement. Puis elle se tourna pour mesurer du regard son ennemi. Le démon lui montra le doigt en réponse.

    Que fais-tu ici, avec ces gens ? Es-tu fou ? demanda-t-elle.

    Il eut un grand sourire, découvrant ses dents. Et déchira une page de Milton.

    Bon, c'est fini.

    Les Bilbios avaient une faiblesse : les livres. C'est pourquoi ils les détestaient. Si un piégeur lisait le bon texte à un Biblio, ils tombaient dans le coma et étaient plus facile à capturer. Son père lui avait dit qu'une prose dense fonctionnait mieux qu'une romance torride. Riley n'y avait pas cru, alors elle avait essayé avec une scène érotique du Secret de la Mariée Vierge, malgré les avertissements de son père. Le résultat n'avait pas été joli. Cela leur avait pris une heure pour attraper le Biblio enragé alors qu'il saccageait les rayons sur les procédures policières et sur les crimes dans une librairie locale.

    Ayant appris sa leçon, Riley extirpa l'arme de son choix : Moby Dick. Elle inspira profondément, ouvrit le livre à la première page et commença à lire.

    « Appelez-moi Ismaël. »

    Elle continua la torture littéraire de cette prose alambiquée de Melville.

    « C'est ma façon à moi de soigner mon spleen, de réguler ma circulation. »

    Si elle avait eu une main en plus, elle aurait croisé les doigts à ce moment-là.

    Il y eut une série de grognements.

    Je peux exaucer un de vos vœux, fille de Blackthorne, cria le démon, se tordant sous la douleur.

    Riley continua de lire. Elle savait qu'un vœux menait à un autre et encore à un autre. L'ultime match serait une leçon sur « Bienvenue en Enfer » donnée par nul autre que le Prince lui-même.

    Il y eut un cri de d'angoisse quand elle arriva à : « que mon âme est un mois de novembre gris et pluvieux … » Puis le silence. Riley leva les yeux de la page et sourit – le démon s'était évanoui.

    Un à zéro ! S'exclama-t-elle en levant le poing en l'air.

    Puis elle entendit la voix de son père comme si il se trouvait juste à coté d'elle.

    « Ne fais pas confiance au démon de l'Enfer avant qu'il ne soit enfermé »

    Si le démon se réveillait avant qu'elle le mette dans un gobelet pour bébé, il péterait un câble et détruirait le sanctuaire dédié à Jim le Mort. Ça serait une vraie galère.

    Elle fouilla frénétiquement dans son sac coursier, en sortit une tasse et ouvrit le couvercle. Tout en ramassant le démon inconscient par un pied, elle le déposa doucement à l'intérieur du récipient en plastique transparent. Le couvercle se referma. Puis elle glissa sur le sol, l'adrénaline disparaissant déjà.

    Maintenant, sa première capture en solo fut un succès.

    Papa va être tellement fier.

     

    Le Bilbio se réveilla et piqua une crise infernale alors que Riley complétait les papiers avec les hippies dans la cuisine. Il cria et cogna contre la paroi de la tasse comme un forcené.

    Détends-toi, veux-tu ? demanda Bandana.

    Le démon lui fit un geste obscène et fit une remarque grossière dans la langue des démons.

    Qu'est-ce qu'il dit ? Demanda l'homme.

    Croyez-moi, nous ne voulez pas savoir.

    Dix minutes plus tard, Riley se dirigea vers le centre-ville d'Atlanta, chantant Dead and Lovin' It qui passait à la radio. Sur le siège passager se trouvait son sac coursier, les papiers signés et le vilain démon de l'Enfer. Sans surprise, il ne fut pas content donc Riley apprit deux ou trois nouveaux jurons démoniaques qu'elle n'oserait pas prononcer devant son père. Elle avait aussi gagné une accolade de Tournesol et trois colliers de perles qui n'allaient pas avec ce qu'elle possédait dans sa garde-robe.

    Ce qui ne se trouvait pas à coté d'elle, c'étaient les deux brownies de taille démesurée, bien que le couple lui avait proposé d'en ramener à la maison avec elle. Riley avait prétendu une allergie au chocolat. C'était plus une question de « je n'ai pas besoin de me faire arrêter pour consommation d'herbe. »

    Alors qu'elle s'approchait de l'intersection sur M.L King en direction du centre-ville d'Atlanta, le sac commença à tressauter sur le siège. Elle plaqua sa main dessus pour le garder en place tandis que le sac rebondissait comme un chat ayant la queue en feu. De minuscules pieds tambourinèrent contre sa paume tandis qu'un liquide vert coulait sur le siège. D'une manière ou d'une autre, le démon avait réussi à dévisser le couvercle de la tasse et il était bon à parier qu'il essayait de trouver un moyen pour sortir du sac. S'il réussissait, il pourrait s'échapper. Que dirait son père ?

    Le sac s'écrasa sur le siège puis le démon pointa le bout de son nez.

    Oh non, certainement pas ! Retourne là-dedans.

    Il se libéra entièrement , souriant comme un dément.

    Distraite, Riley donna un grand coup de volant et faillit heurter une autre voiture. Le conducteur klaxonna et lui lança un regard noir.

    Arrête ça ! cria-t-elle au démon. Tu vas nous faire tuer, espèce d'idiot.

    Au dernier moment, elle leva le yeux et haleta sous l'horreur. Enfonçant son pied sur la pédale de frein, elle s'écrasa contre la ceinture, ce qui provoqua la chute du sac sur le sol. Le démon s'éleva et atterrit sur le tableau de bord.

    Il y eut un crissement et une odeur de caoutchouc brûlé.

    Noon !

    La voiture finit par s'arrêter, manquant celle de devant de quelques centimètres.

    Dieu merci, soupira Riley en s'affaissant contre le volant, soulagée.

    Elle ne voulait pas perdre son permis de conduire. Il lui avait fallu deux essais pour l'obtenir.

    Des éclats de rire démoniaques s'élevèrent du tableau de bord où le démon se retrouvait plié en deux, des larmes coulant de ses yeux sous le coup de l'hilarité. Elle essaya de l'attraper mais il se glissa hors de sa portée.

    Hé, je ne l'ai pas heurtée, dit-elle en récupérant son sac posé sur le sol.

    Elle devait remettre la créature dans la tasse. Le rire s'intensifia, l'amenant à hésiter.

    Qu'est-ce qui te fait rire ?

    Alors qu'elle levait les yeux, elle aperçut la rangée de lumières bleues au-dessus de la voiture qu'elle avait presque emboutie. Comme celles qu'on voyait sur un véhicule de secours. Ou une …

    Oh merde.

    Le flic d'Atlanta sortit de sa voiture et se dirigea vers elle, un carnet de contravention à la main. Son froncement de sourcils certifiait que quelqu'un avait de gros problèmes et que ce quelqu'un était Riley.

    C'est une bonne chose que j'ai refusé les brownies, murmura-t-elle.

    Il y eut un dernier éclat de rire hystérique provenant du démon, puis il plongea sous le siège passager, répandant de l'urine verte dans toutes les directions.

    Au moment où le flic arriva à la voiture, Riley usa de son charme. Elle donna poliment son permis de conduire avec les mains tâchées de vert et essaya d'ignorer que les sièges de la voiture étaient maculés d'urine de démon. L'odeur était pire : des chaussettes de sport en décomposition.

    Quand Riley expliqua le problème, l'oeil droit du policier commença à tressauter.

    J'ai déjà tout entendu, jeune fille. N'y songe même pas.

    Alors elle lui tendit sa carte d'apprentie. Son froncement de sourcil s'accentua tandis qu'il l'étudiait.

    Tu plaisantes. Tu es vraiment une piégeuse ?

    Oui. Le démon est sous le siège passager, dit-elle.

    Ou du moins, elle espérait qu'il y soit. Dans le cas contraire, elle se retrouverait sans démon et avec une contravention.

    Malgré sa charmante personnalité, le flic ne croyait pas en son histoire, jusqu'à ce qu'elle fouille méticuleusement sous le siège à la recherche du petit mal venu de l'Enfer et le laisse tomber dans la tasse. Elle fixa le couvercle avec plus d'attention cette fois, puis tendit la tasse pour que l'officier puisse avoir un aperçu du petit monstre. Il lui fit immédiatement un doigt d'honneur.

    Oh mon dieu, c'est vraiment un … (l'homme pâlit et recula doucement.) Sois prudente maintenant, dit-il puis il battit vite en retraite vers sa voiture.

    Quelques secondes plus tard, il partit à toute vitesse, espérant verbaliser quelqu'un qui n'avait pas de démon dans sa voiture.

    Après une longue période à nettoyer les sièges, les fenêtres et à peu prêt tout l'intérieur de la voiture, Riley rentra chez elle. Quand la besace fit un autre bond sur le siège d'à coté, elle ne paniqua pas : elle s'était assurée que le couvercle de la tasse était bien fermée. D'après les jurons du démon, elle l'avait fait correctement cette fois.

    Ça n'avait pas été joli, mais elle avait piégé sa première créature venant de l'Enfer toute seule.

    Son père allait être très fier d'elle.

    Elle augmenta le son de la radio pour couvrir les jurons du démon. La prochaine fois, elle mettrait le couvercle correctement.

    La prochaine fois, il n'y aura pas d'urine de démon partout sur elle et dans la voiture.

    La prochaine fois, ça sera parfait.

     

    1** de Jim Morrison


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